la rentrée
Ô bonheur ! Ô joie !
Ô félicité ! La voilà ! Elle est revenue ! Enfin !
La
rentrée !
Vous
l’attendez depuis… Le 1er jour de l’été ? Quelque que peu
exagéré… Si peu.
Deux mois.
Deux longs mois. De 31 jours. Chacun ! C’est vrai, les vacances d’été en février,
ça pourrait être étrange. Mais plus court. Et ça compte. Mais bon. Inutile de vous torturer. Avant que le
réchauffement climatique fasse pousser des cerises en hiver, on a de la marge…
L’été
commence forcément dans les cris. Excitation et épuisement, un savant mélange.
Ça vous apprendra à être exigeante, à ne tolérer aucun point rouge, à grimacer
aux points orange de Choupinette, à exiger une maîtrise parfaite des tables de
multiplication de Choupinet… Alors qu’il vaut mieux éviter de vous demander
combien font 7x8… Et que la calculatrice est une bien belle invention…Pas
grave. Vos diablotins ont leur vengeance. Le repos des uns ne fera pas celui
des autres.
D’autant
que vous poussez la conscience éducative jusqu’à limiter le temps passé devant
les écrans… Pauvre de vous ! Folle que vous êtes ! La télévision est
pourtant une merveilleuse nounou, d’une efficacité rare : en moins de dix
minutes elle transforme des monstres gesticulants et criants en des images
calmes et apaisées. Certes légèrement sourdes. Que vous tentiez de les appeler
pour mettre la table ou que vous leur proposiez une glace chocolat avec
chantilly saupoudrée de bonbons, même résultat : néant. Ils ne vous
entendent plus, vous les avez perdus. Est-ce si grave si vous bénéficiez d’une
heure, d’une petite heure pour récupérer ?
Mais vous
avez des principes. Alors…
Priez.
Priez pour
que cet été ne ressemble pas au précédent. Avec une moyenne de 6,5 jours de
pluie par semaine. Des températures avoisinant les 18°. Formidable. Certes
l’automne fut doux et clément avec des week-ends appelant au barbecue et à la
chaise longue. Certes. Mais on s’en fout. Deux-trois barbecues tardifs ne
consoleront jamais les mères qui durent endurer 58 jours de pluie avec enfants.
Pluie. Enfants. Deux termes inconciliables. Irrémédiablement. Un jour encore,
vous voulez bien le concéder à l’agriculture. Mais pas plus. Mais espacé. Parce
que l’atelier-peinture-pâte à modeler a ses limites, tout comme ce que peut
supporter un tablier, ou le sol du salon.
Le chat prie
avec vous. Transformé en poupée, poursuivi par deux espions armés et bien peu
silencieux, il mène pendant les vacances de ses maîtres une vie trépidante bien
peu conforme à son tempérament de chat. Il miaule encore les touffes de poils
prélevées pour être passées au microscope et comparées à celles de l’ours
Teddy. Il miaule encore ses oreilles triturées, malaxées, écrapatouillées
longuement sous couvert de câlin. Mais il doit reconnaître que ses performances
sur le 100 mètres se sont indéniablement améliorées, rien de tel qu’une horde
hurlante sur ses coussinets pour lui donner des ailes. Les souris n’ont qu’à
bien se tenir !
Priez.
Priez pour
qu’ils ne soient pas encore une fois victimes d’un décalage horaire très
personnel. Comment leur horloge interne repère-t-elle avec autant de précision
le temps des vacances ? C’est imparable ! Lever 6h30. 6h30 !
Quand vous avez dû les torturer à longueur de semaine pour qu’ils soient à
l’heure à l’école ! Vous leur lanciez le chat toutes griffes dehors,
miaulant depuis 20 bonnes minutes pour être autorisé à sortir. Permission
refusée. Il était votre arme secrète. Seule la perspective de le tripatouiller
et de le courser leur faisait bouger un orteil…Mais là. Quand la grasse matinée
s’offre à eux. Plus question.
Priez pour
ne pas avoir à les emmener à la piscine. Pourquoi ? Parce que la piscine,
ce n’est pas nager. Non. Ce ne sont pas des longueurs délassantes et un brin de
lecture chauffée par le doux soleil estival. Non. La piscine, c’est Choupinette
pendue à votre bras gauche pour être crémée la première et Choupinet accroché à
votre jambe droite pour être crémé le premier. La piscine, c’est Choupinet en
pleurs car son pistolet à eau super méga puissant a eu une durée de vie de 2
minutes et Choupinette en pleurs car le dernier exploit à l’actif du pistolet a
été la projection d’un jet super méga puissant dans son œil. Puissant et
précis, le super méga pistolet. La piscine, c’est piqûre de guêpe et épine de
berbéris dans le pied.
Arrêtons-nous
un instant. Qui a eu l’idée saugrenue d’entourer la piscine d’une haie de
berbéris ? Certes les enfants sont des barbares dont on pourrait vouloir
refouler les éventuelles attaques. Mais quand le barbare a validé son ticket
d’entrée, à quoi bon une haie défensive ? Pour épicer un peu plus votre
après-midi ? Réussi.
La piscine,
c’est donc l’intervention chirurgicale menée par un maître-nageur vieillissant
et libidineux, s’il en est de troublants et affolants ils ne fréquentent pas
les mêmes piscines que vous. La piscine, c’est le pipi du moins d’un an dans sa
couche-maillot qui ne trompe que ses parents. La piscine, c’est Choupinette qui
vomit car elle a avalé trop de tasses de javel au pipi. La piscine, c’est le
parent éclaboussé qui râle et tempête car lui croyait dur comme fer aux
longueurs délassantes. La piscine, c’est Choupinette qui hurle qu’elle va
mourir de froid en cet après-midi de juillet. La piscine, c’est Choupinet qui
hurle qu’il ne sortira pas de l’eau même si la voix qui a rappelé toutes les
dix minutes votre droit à l’image et l’interdiction de photographier vos
capitons sans votre autorisation vient d’annoncer la fermeture de la piscine.
Alors
priez.
Priez pour
avoir la force. La force de ne pas céder. Non, vous n’inviterez aucun copain.
Pas un. Pas une. Pour les divertir en cet interminable été. Car vous savez. Et
tant pis si l’été s’achève comme il a commencé. Dans les cris. Le copain, non.
Mais ceci
est un autre chapitre.
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