La grossesse
Etre
enceinte. Neuf mois de plénitude, de bonheur, d’épanouissement radieux.
Conneries.
Bien sûr,
il y a des moments d’euphorie. Tout est une 1ere fois. Ça fait longtemps que
vous n’avez plus eu de 1ere fois. Mais bon, y a 1ere fois, et 1ere fois. Et vos
1eres remontées d’acidité, vous auriez préféré qu’elles ne deviennent pas
sottement et banalement quotidiennes. Parce que dans « remontées
acides », il y a « acides », et c’est pas pour des prunes.
Dans la
série c’est que du bonheur, il y a l’insomnie. Généralement vers 2h. Pas une
petite, d’insomnie. Une bien conséquente. Qui vous laisse cernée et hagarde
quand sonne l’heure d’aller bosser. L’insomnie n’est pas gratuite : elle
est utile. Elle vous prépare. A quoi ? Bah, à pas dormir pendant des mois
et des mois, tiens. Il paraît qu’on s’habitue. Comme à vivre dans le désert
avec une seule gourde d’eau. C’est étrange, mais vous ne vous sentez pas l’âme
d’un chameau du sommeil…
L’insomnie
a pour compagne la sieste : vous vous écrouleriez bien en plein milieu de
matinée, d’après-midi. Sur un canapé, un banc, une chaise. En réunion, en
cuisinant, au volant… D’ailleurs vous avez votre 1er déracinage
automobile de cyprès : vous avez oublié de serrer le frein à main. Votre
allée est sottement en pente, le cyprès a fait de même, légèrement aidé par
votre voiture… Au moins vous êtes pardonnable et irréprochable : la
grossesse est grande consommatrice de neurones. Vous oubliez tout, surtout ce
que vous saviez. Répondre à une simple question demande un délai certain :
vous avez fait chauffer l’eau des pâtes ? Allez savoir… Mobiliser vos
souvenirs, du gaz à la casserole en passant par le robinet, est un effort réel.
Alors penser à serrer le frein à main, pfff, c’est tout une histoire !
Plus vous
perdez de neurones, et plus vous prenez du poids… Soyez honnête, vous vous y
attendiez : on ne parle pas de « grossesse » à la légère.
Néanmoins vous aviez sous-estimé l’ampleur du phénomène. Et quand vous dites
ampleur… c’est un doux euphémisme. Si l’homme descend du singe, la femme enceinte
descend du cétacé, du pachyderme. C’est bien simple, tout test de grossesse
positif devrait donner droit à un macaron « handicapé ».
On vous
avait permis un kilo par mois, mais Bubulle n’en a rien su. Résultat, le kilo
mensuel passe de l’hebdomadaire, au journalier ! Vous êtes bonne pour vous
faire engueuler sévèrement par une matrone déguisée en infirmière parce que
vous avez dépassé le quota graisseux autorisé. Qu’elle-même ait tout l’air
d’avoir gobé un éléphanteau au petit-déj’ n’a pas l’air de l’émouvoir le moins du
monde, il est vrai qu’elle a largement dépassé un âge raisonnable pour
procréer.
Vous lui
aviez pourtant dit, à Bubulle, que ce n’était qu’un logement provisoire,
expulsion prévue sous neuf mois ! Inutile d’aménager un duplex avec
jacuzzi, piscine et tutti quanti… Bubulle n’en fait qu’à sa tête. Vous pouvez
vous priver de gâteaux, de chocolat, manger plus sain que sain : Bubulle
poursuit sereinement ses travaux d’agrandissement.
Bien sûr,
tout le monde n’héberge pas un Bubulle. Votre grossesse a des conséquences
imprévues : vous ne croisez plus que des femmes enceintes. Elles se
mettent soudainement à pulluler, comme si vous aviez donné le signal d’une
course au repeuplement. Ainsi, il y a toujours une copine compatissante, qui a
eu le mauvais goût d’engendrer à l’unisson, et qui, à six mois, a tout l’air
d’avoir gobé une cacahuète. Vous la perdrez définitivement de vue : un tel
affront ne souffre pas de pardon.
Plus vous
perdez de neurones, et plus vous peinez à trouver un prénom. Pourtant vous le
reconnaissez volontiers, « Bubulle » a beau être mixte, ça ne fera
pas l’affaire.
Le père de
Bubulle est d’accord avec vous. Il cherche, lui aussi. Et il a des idées. Il
aime bien Airelle, et Aristote. Vous ? Non. Et, malgré le massacre
neuronal perpétré par Bubulle, vous commencez à douter d’avoir eu une
excellente idée en mêlant vos gènes à cet énergumène. Tant qu’à traumatiser la
chair de votre chair, pourquoi pas Vénus ou Vercingétorix ? C’est sympa,
non ? Bubulle connaîtra des récrés sans pareilles… Et Xuaemar ? Si ça
existe ? Bien sûr ! Il était en primaire avec vous : son père
était adepte du calendrier. Parce que s’il faut retenir une date d’anniversaire
et une date de fête, autant arrêter le Ricard tout de suite… Mais il n’avait
pas eu le droit d’appeler son infortuné fils Rameaux… A l’envers, c’était
passé. Du pain béni pour le psy du coin…Plus sobre alors : Junior ?
Ah, non, c’est l’année du P. Si ça marche avec les chats, ça doit fonctionner
pour Bubulle : Poséidon ? Paprika ? P, tout simplement. Il est
vrai que vous seriez ainsi amplement vengée de votre métamorphose en mammouth.
Le père de Bubulle bougonne : on l’avait pourtant informé de la perte de
neurones inversement proportionnelle à la prolifération d’hormones hystériques.
En tout cas
la recherche du prénom doit rester aussi secrète que la recette de la tarte
tatin à tomber de feu grand-maman. Sans quoi, toutes les bonnes, et moins
bonnes, âmes du coin vont y aller de leur avis. Et là…Là…Là !
Entre les
« oh, non ! Pas "Thomas" ! Tous les Thomas, je dis
bien tous les Thomas, que j’ai connus, étaient des enfoirés de première, des
saloperies finies ! », et les « "Isabelle" ? Elle
a intérêt à être jolie… Sinon elle n’est pas près d’oublier qu’elle aurait
besoin d’une bonne chirurgie pour être raccord ! », les
« "Tristan" ? Vous avez seulement écouté ce prénom ?!
"Triste-ans" ! Son père se fait trucider, sa mère en meurt de
chagrin à sa naissance ! Tu vois le topo ! Bonjour l’avenir
radieux ! », les « "Victoire" ? C’est risqué,
non ? Et si elle est nulle à l’école ? Si elle a tes talents
sportifs ? T’imagines ? Victoire… Faut les résultats qui vont avec,
non ? »
Vos
gueules ! Il s’appellera Bubulle ! Et il ne vous dira pas merci !
L’avantage
du tsunami hormonal, c’est qu’on vous tolère bien des écarts…
Profitez-en : une fois Bubulle extirpé de son antre, vous n’existerez
plus. Du tout. Eclipsée par cette petite chose violacée et hurlante. Vivement.
C’est ce
que pense également belle-maman : elle rêve de vous accompagner. La
bougresse s’est même procuré le dernier modèle de caméscope pour filmer
l’avènement de Bubulle.
Les hormones
sont avec vous : sautez sur l’aubaine pour poser des limites fermes et
définitives. On comprendra tout à fait que vous fondiez en fontaine
intarissable : rien de plus normal en cette période étrange où, du chaton
croquignolet à la religieuse crémeuse à souhait en passant par le linge à
repasser, un rien vous fait monter les larmes aux yeux. Allez-y, hurlez et
reniflez que vous ne souffrirez pas qu’elle se métamorphose en Cameron de votre
col, que si elle insiste elle risque d'être prématurément étranglée par un
cordon ombilical, que votre col est à vous, rien qu'à vous, Bubulle aussi, que
vous n'êtes pas sûre de consentir à ce qu’il rencontre sa grand- mère
dégénérée, que vous ne savez même pas si vous accorderez un laisser-passer au
père de Bubulle, en attendant vous suggérez qu'elle signe de son sang ce
contrat qui stipule que jamais ô grand jamais elle ne remettra en cause vos
prescriptions maternelles, même d'un simple froncement de sourcil, que toujours
elle s'extasiera sur vos décisions toutes plus profitables au développement
harmonieux de Bubulle, qu'elle demandera votre autorisation pour tout
agissement concernant Bubulle, y compris l'approcher à plus de cent mètres,
qu'elle signe ou vous n'arrêterez jamais ni de pleurer ni de parler. Ici. Signature.
Merci les
hormones. Merci Bubulle.
En
attendant l’éclipse, vous prendriez bien un petit peu de repos, vous. Les
tempêtes hormonales, ça vous rince sa femme. Vous êtes terriblement fatiguée,
épuisée, hagarde. Heureusement la visite chez l’obstétricien approche :
vous allez pouvoir vous épancher sur les mille maux qui vous taraudent.
Votre col.
C’est tout ce qui l’intéresse, l’obstétricien. Votre col. Vos mille maux, il
s’en tape comme de sa première tétine. Votre col. Il est fermé : vous êtes
apte à conduire, rester debout des heures, courir d’une corvée à l’autre, tout
mammouth que vous êtes devenue. Il est ouvert, même d’un minuscule
centimètre : repos, absolu, vous devez éviter toute position autre que
couchée, et peu importe si vous rêviez d’une escapade éminemment romantique à
Venise pour apaiser votre couple malmené par la recherche harassante du prénom.
C’est niet ! Vous n’êtes pas qu’un col, merde ! Si. Pour
l’obstétricien, si.
De toute
façon, votre avenir est définitivement métonymique. Pour Bubulle, vous ne serez
qu’un sein. Il n’a pas encore pointé le bout de ses croûtes de lait qu’il vous
fait déjà tourner en bourrique : c’est comme pour les nuits drastiquement
écourtées, la nature est merveilleuse, elle pourvoit à tout et vous prépare au
plus tôt à être tyrannisée par un individu de même pas cinq kilos.
Les cinq
kilos, Bubulle n’a pas intérêt à les atteindre. Pas avant son déménagement, en
tout cas. Parce que du mammouth, vous avez le poids, mais pas le périnée.
C’est
troublant comme la femme enceinte est un déversoir à souvenirs abjects.
« Paulo ? Paulo, il faisait 5.2 kilos à la naissance, un beau
morceau ! » Il faudra qu’on vous explique la propension de la mère à
s’extasier sur sa progéniture tel un boucher fier de sa came. « Par
contre, il a tout saccagé sur son passage ! Une boucherie ! »
Ah, c’est pour cela donc… « On a dû me faire douze points, et l’anesthésie
ne faisait plus effet, j’te raconte pas ! » Non, ne raconte pas,
surtout pas, pas la peine.
« Toi,
au moins, tu as eu une péridurale ! Moi, j’ai eu des contractions de folie
pendant des semaines. Le jour J, j’étais tellement habituée que je n’ai pas
bien cerné le fait que c’était LE jour. En plus, on m’avait dit que le premier
peut mettre plus de douze heures à sortir… Tu parles ! Je n’ai pas eu le
temps d’atteindre l’étage de la maternité : Aglaé, je l’ai eue dans
l’ascenseur ! » Pourquoi elle vous parle ? Elle cherche
quoi ? A vous effrayer ? Elle peut arrêter : vous êtes morte de
trouille !
« En
tout cas, c’est vrai, pour le premier : Myrtille » Myrtille ?
« Myrtille a mis plus de 24 heures à montrer sa frimousse. » 24
heures !!? Vous l’aviez tenue au courant pour le prénom ? Elle
protestait par une grève de la sortie ? « C’était horrible. Horrible.
Une douleur inimaginable ! Avec Monsieur qui te donne des encouragements
et te caresse gentiment les cheveux alors que tu n’as qu’une envie : le
castrer à mains nues. » Elle ne pouvait pas le dire avant que vous
arrêtiez la pilule !
« L’accouchement,
c’est rien ! Après Clafoutis » Non ? Pas
"Clafoutis" ? « J’ai eu des hémorroïdes, un truc de malade.
Je n’ai pas pu m’asseoir pendant des semaines ! » Au secours !
Sortez-vous de là ! Bubulle, lui, ne sortira pas, c’est décidé.
Pourquoi
les mères prennent-elles tant de plaisir à narrer dans les moindres détails
leurs carnages personnels ? Parce qu’il n’y a plus que ça pour qu’elles
prennent leur pied ? Parce qu’elles ont subi, elles aussi, ces logorrhées
monstrueuses ? Chacune son tour. Parce qu’elles savent que vous êtes condamnée ?
Aucun recours possible : la sentence est irrévocable.
Mais le
pire, c’est le mieux. « Mon accouchement ? C’est le plus beau jour de
ma vie ! Je donnerais n’importe quoi pour le revivre ! C’était
juste…magique ! Je n’ai jamais ressenti les contractions, à peine à la
naissance, alors j’ai profité pleinement de chaque minute de ma rencontre avec
Prune. » "Prune" ? Changez de copines, elles sont toutes
plus barrées les unes que les autres…Jamais. Jamais vous ne connaîtrez un tel
bonheur : elle vous emmerde, l’autre connasse, avec son accouchement
idyllique.
Vous
connaissant, vous avez toutes les chances de souffrir atrocement pendant 48
heures, il neigera en juillet, mois de votre libération, l’obstétricien aura
dignement fêté ses 40 ans la veille et n’aura pas dessaoulé, belle-maman aura
infiltré la salle d’accouchement grimée en sage-femme, l’anesthésiste se
plantera de vertèbres et vous finirez handicapée pour le reste de votre trop
longue vie, incapable d’empêcher le père de déclarer Bubulle sous le charmant
prénom de Térébenthine…
Handicapée,
vous l’êtes bel et bien. Les premiers mois, vous n’avez pas osé en profiter,
ruinant les rêves de Bubulle père de doubler tout le monde, le samedi matin,
quand l’attente aux caisses du supermarché a des airs de boulangerie aux
meilleurs jours du communisme soviétique.
Et si on
vous demandait pourquoi vous bénéficiez de tels privilèges mirifiques ?
Car Bubulle a poussé le mauvais goût jusqu’à s’étaler un peu partout :
vous avez plus le profil d’une énorme obèse que d’une jeune femme attendant
béatement un heureux événement. Vous n’allez tout de même pas vous balader avec
une écho sur vous. Ou exhiber à tout va votre col ouvert…
Pourtant
vous vous sentez indéniablement infirme de la tête aux pieds. Pieds que vous ne
risquez plus d’atteindre : votre ventre-montgolfière s’est
irrémédiablement mis entre vos mains et eux. Enfiler vos chaussettes est vite
devenu une aventure nécessitant du temps et des contorsions auxquelles vous
avez fini par renoncer : le suspense était trop intense… Y arrivera ?
Y arrivera pas ? Le père de Bubulle doit assumer sa part de responsabilité
dans ce scénario déplorable. A lui le coupe-ongles, les chaussettes et les
lacets. A vous, les nausées et l’hernie discale qui menace. Vous vous sentez
amplement flouée dans ce marché de dupes, allez savoir pourquoi…
C’est tout
votre corps qui se révolte face à l’envahissement bubullien : et il n’y va
pas avec le dos du peton, Bubulle, il pousse vos côtes, tire sur votre pauvre
colonne, retourne votre estomac à la moindre odeur qui n’a pas l’heur de lui
seoir. Vous le soupçonnez même de faire pousser vos poils, outrage d’autant
plus dommageable que vous ne pouvez qu’entre-apercevoir vos orteils, les jours
de chance. Il va de soi que vous lancer dans une vaste opération épilation est
tout à fait hors de portée. Vos aisselles sont impeccables, certes. Piètre
compensation : vos jambes sont dignes d’un orang-outan. Vous vous
consoleriez à grand peine si vous pouviez ne pas les exhiber mensuellement au
nez de votre obstétricien qui suit l’évolution de Bubulle et de votre pilosité.
C’est ainsi
que fort dénudée et poilue, vous vous ouvrez à lui d’un souci qui meuble vos
insomnies : vos entrailles ne sont rarement encombrées que de Bubulle, que
faire le jour de sa sortie ? Parce que la fameuse injonction,
« Poussez ! », vous donne des sueurs froides, vous craignez
vivement de ne point parvenir à pousser que le seul Bubulle… « Ma p’tite
dame, quand on fait médecine, vaut mieux s’attendre à avoir son lot quotidien
d’excréments et de sang. » Bien, bien, bien… Mais, tout de même, votre
dignité… « Parce que, dans votre état, vous croyez encore à votre
dignité ? » Hum, hum…. Visiblement l’obstétricien se soucie bien peu
de vos états d’âme et de votre pudeur, ne perdant pas de vue sa
seule obsession, votre col. Vous qui pensiez que le handicap maternel donne
droit aux plus grands égards.
Cet
avantage n’est pas pure invention, reconnaissez-le : on est aux petits
soins pour vous. Le père de Bubulle, votre père, votre mère, le boucher, la
terre entière sont attentifs au moindre de vos souhaits. Sauf que Bubulle a
poussé la perversion jusqu’à vous priver de toute envie saugrenue à des heures
indues : pas de ris de veau à deux heures du mat, pas de cerises en
décembre. Et puis, soyez précise : cette prévenance vous est moins
destinée qu’à l’intrus utérin. Avisez-vous de quémander une larmichette de foie
gras, un huitième de goutte de Saint-Estèphe, une demi bouffée de Marlboro, et
vous verrez l’assemblée, unanime, pousser les hauts cris, vous rappeler combien
vous êtes porteuse d’un être précieux que vous ne pouvez risquer aussi
follement d’endommager cruellement. De gré ou de force, vous êtes déjà une mère
exemplaire.
Et en mère
modèle, vous apprenez vite à exercer la première des qualités requises :
la patience. Et il vous en faut pour subir les conseils contradictoires qu’on
ne manque pas de vous assener. L’allaitement ? Une nécessité absolue. Pour
l’immunologie, le lien avec Bubulle, parce qu’on a toujours son biberon sur
soi, ah, ah ! L’allaitement ? Un asservissement de la femme, un
cataclysme absolu pour votre vie de couple, le meilleur moyen de finir avec
deux gants de toilette répugnants. Le co-sleeping ? Un bonheur familial,
une solution merveilleuse pour avoir des nuits reposantes. Ou presque. Le
co-sleeping ? Une horreur. Des heures de veille à craindre d’écrabouiller
Bubulle qui a pris soin de n’emporter que le strict nécessaire lors de son
déménagement. Des heures de veille à sursauter au moindre bruit de succion du
goulu Bubulle. La tétine ? Pourquoi laisser Bubulle expérimenter un effroyable
sentiment d’insécurité irrémédiablement traumatisant? La tétine ?
Pour faire de Bubulle un être éminemment capricieux ?
Vous y
perdrez votre latin plus sûrement que les eaux.
Sans
compter qu’une myriade de problèmes d’importance se posent à vous. Une
infirmière avare d’explications vous a ainsi fourni une liste obscure du kit
indispensable pour le jour de la délivrance. Un slip-filet… Qu’est-ce ?
Vous n’êtes pas sûre de vouloir le savoir… Et quand vous le saurez, vous ne
voudrez plus en parler. Sauf à de pauvres égarées au huitième mois de leur
peine. Vengeance…Des bouts de sein ??? Vous avez les deux vôtres, ne
serait-ce pas suffisant ? De la crème anti-vergeture ? Ah, non. Votre
contrat avec Bubulle exclut les vergetures. Et pour Bubulle ? Une gigoteuse ?
Quid ? Vous préféreriez que Bubulle soit calme. Le « Nid
d’ange » vous paraît de bien meilleur augure. Des bodies. Ah, ça, vous
connaissez ! Oui, mais… Quelle taille ? Naissance ? Un
mois ? Si vous tenez compte des aménagements audacieux de Bubulle sur ce
qui subsiste de votre pauvre corps, n’est-il pas plus judicieux d’opter pour du
six mois ?
Vous ne
savez plus où donner de la tête : de la taille de la turbulette au modèle
de poussette en passant par la marque des couches, vous êtes énorme et perdue.
Un monde de décisions cruciales à prendre s’ouvre à vous. Le futur de Bubulle
dépend de vous. Choisissez une tapisserie trop criarde pour sa chambre et il ne
deviendra jamais le fabuleux architecte d’intérieur qu’il aurait pu être.
Cessez d’écouter Adamo en boucle avant de ruiner irrémédiablement son avenir de
mélomane. Abonnez-le dès six mois à l’Ecole des loisirs, ne le nourrissez que
de bio, commencez sa découverte de Mozart in utero. Mais sans pression.
Apprenez à
lâcher prise.
Oui. C’est
ça. Apprenez à lâcher prise. Vaste défi.
Mais ceci
est un autre chapitre.
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