Pôle emploi (partie1)
Nounours est inscrit à Pôle emploi.
Ça arrive à des gens très bien. La preuve.
D’autres sont ambassadeurs des pôles. C’est un autre trip. Mais dans un cas comme dans l’autre, cela nécessite préparation, patience, et persévérance.
Du coup cela vous permet de vérifier la validité de vos fantasmes quant au chômage.
Premier point: avoir un conseiller, c’est pas une sinécure. Pas l’avoir « je t’ai bien eu! » hein... Non, juste lui parler. Au téléphone. Pas en vrai. Non, mais parce qu’il y a eu une pandémie, des confinements... Non, ce n’est pas une excuse pour ne pas se faire radier! C’est vrai! Tout le monde porte des masques même ! Si! Et il y a un couvre-feu ! Et... Ah...
On se moque... C’est vilain.
Donc. Nounours finit par avoir son conseiller. Qui constate qu’il a parfaitement rempli son dossier en ligne. Seuls le salaire minimal et la distance maximale sont à modifier pour optimiser ses chances. Pas de souci : le conseiller s’en occupe, ce sera mis à jour dès demain.
Parfait.
Bon, il aurait peut-être fallu préciser le « demain » de quel jour, parce qu’à j+7 c’est toujours pas ça...
Un détail.
Plus embêtant. Nounours a senti planer, alors qu’il n’est en recherche que depuis une petite semaine, le couperet de la radiation. Ça fait peur. Vraiment. Vous comprenez fort bien l’intérêt politique de brandir l’oripeau sanguinolent du fraudeur assoiffé d’indemnisations juteuses pour enflammer l’électeur... Mais être confronté concrètement à l’étiquette de potentiel usurpateur-glandeur... C’est autre chose.
À bien y réfléchir, le chômeur qui se pavane en yacht en fumant des Gurkha et sirotant un cognac Louis XIII, même le chômeur qui se détend sur sa péniche avec un Belinda et une Corona bien fraîche, ça ne vous semble pas courir les rues. Et, à vrai dire, demande-t-on des comptes aux héritiers qui, certes, placent, non, font placer, leur héritage pour qu’il continue à leur offrir tournoi de golf, parties de chasse et résidence quaternaire ? Il vous semble que les notions de mérite et de « à la sueur de » sont inégalement réparties. Juste une impression…
Pourquoi pas d’ailleurs ? Mais ne faudrait-il pas alors également oublier laïus et leçon donnée ? Lui a-t-on fait la morale à la comtesse Karlotta lorsqu’il lui a pris fantaisie de léguer à Gunther III soixante-dix petits millions d’euros ? Que ce cher Gunther a eu l’esprit de ne pas dilapider en croquettes : son canin de fils, Gunther IV, a ainsi touché 341 millions d’euros… Il faut croire que les clebs ont dû flair pour les placements boursiers.
Alors que le chômeur, lui, dilapide l’allocation de rentrée de son môme en écran plat. C’est bien connu. Qu’il ne se plaigne pas qu’on lui demande des comptes : on le laissera en paix quand il aura plus d’actions Sanofi et Pfizer que de poils sur le corps. Eh oui, cinq millions de follicules pileux sur un seul corps. Ne me remerciez pas : instruire est mon bonheur et ma joie, les deux mamelles de mon insolence.
Alors ? Est-il bien nécessaire de flageller le chômeur ? Sort-on suffisamment fort d’un licenciement ou d’une fin de contrat pour n’avoir nul besoin d’être rassuré, épaulé, voire seulement respirer? Avant de se lancer dans l’arène de l’entretien d’embauche.
Si encore Nounours n’avait pas cotisé généreusement et consciencieusement pendant ces vingt dernières années... Ce n’est pas tout à fait de l’évasion fiscale, recevoir ce qu’on a donné, si ? Et celui qui ne sera jamais chômeur, vous objectera-t-on ?
C’est vrai, c’est bien connu, ça n’arrive qu’aux autres.
Quand on est au chômage, il vaut mieux être confiné. Certes, c’est plutôt relou quand tous vos entretiens, y compris ceux convoités dit de la short liste, se terminent par un « désolé, le poste est finalement fermé, avec cette pandémie, vous comprenez », mais le confinement évite l’inévitable discussion, celle qui donne frissons et nausées. Si… Elle ressemble à un sketch!
Y aurait le bon et le mauvais chômeur. Bah, le bon, il envoie son CV, il postule, il ne reçoit jamais de réponse, ne sait jamais pourquoi son profil est écarté, il déprime, il se sent comme une bouse abandonnée et puante par un soir pluvieux d’automne… Et le mauvais… Bah pareil. Hilarant.
Bon, si on se torche avec l’entraide, qu’on chie sur l’égalité et la mutualité, alors là, forcément…
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