Faut pas prendre les cons pour des gens (partie 2)


 

Par exemple, vous auriez préféré ne pas savoir que deux brésiliens ont eu l’excellente idée de teinter en bleu une cascade du Mato Grosso. En mode schtroumpficide décomplexé. Outre l’impact environnemental, cette cascade alimentant en eau potable une ville de 100 000 habitants, ce qui vous fait voir rouge, c’est… Vous hésitez. La connerie ? L’ego ? Le besoin de se croire unique et d’en informer la terre entière ? Parce que ces deux cabrones, tout ce qu’ils voulaient, c’était organiser une fête pour annoncer le sexe de leur mouflet. Une gender reveal party. Tellement plus classe en anglais. Mais toujours aussi con.

De un, on n’en a absolument rien à foutre du sexe du bébé des autres. Tant que t’attends pas une portée de chiots, ça n’intéresse personne. De deux, pourquoi annoncer un sexe que le bébé voudra peut-être changer dix ans plus tard ? De trois, non seulement on se tape totalement que la barboteuse soit bleue, rose ou violette, mais on n’en a rien à carrer que les autres se reproduisent. Il n’y a que les grands-parents pour se réjouir, réellement. Et encore. On peut raisonnablement les soupçonner d’être ravis pour de sombres raisons. N’ont-ils pas régulièrement asséné de funestes « tu verras quand ce sera ton tour ! » Des années qu’ils patientent, prêts à gaver de bonbons, de dessins animés et de fête foraine, pour mieux savonner la planche de ceux qui étaient encore récemment leurs ados. Urticants et percutants.

Quand les reproducteurs sont deux dingues, la nouvelle est plus que nulle. Très mauvaise. Pour la cascade, qui n’avait rien demandé, pour la planète, et l’humanité toute entière. Parce que le résultat va forcément être atroce. En cuisine comme en génétique, pas de miracle. Tu mélanges du chocolat et du foie gras, tu peux obtenir un truc déroutant mais sympa. Tu mélanges de la diarrhée et des chlamydias, le résultat va forcément être à chier.

Seule consolation dans cette nouvelle, dans neuf mois ces deux abrutis seront bien punis. À leur tour de dormir par tranche de deux heures. Partir bosser en se demandant ce qui pue. Toi, cabron. T’as une coulée de lait régurgité dans le dos. Ta veste est fichue, ta cote de popularité à la machine à café aussi. Et ta vie sociale. Pas grave : à quoi bon une vie sociale quand ta vie culturelle se résume au générique de l’âne Trotro ? Tu vas t’éclater devant Pepa Pig et maîtriser l’univers de Pat Patrouille. T’es fichu, Cabron.

 

Vous auriez également préféré ne pas voir la trombine du président Le Graët à qui un journaliste montre les conditions dans lesquelles logent les vigiles de l’hôtel Al Messila à Doha. Un très bel hôtel. Irréprochable. Admirable, à l’instar de l’impassibilité du président de la FFF. Un sacré bonhomme, qui ne s’abaisse pas à conspuer le Qatar, non, ce serait bien trop facile. Résister avec tant de force aux sirènes de l’empathie et de l’humanité : bravo. Alors qu’il aurait pu avoir envie qu’on le trouve formidable… Eh bah, non, rien à foutre. Le Graêt, il s’en tape le chouchen qu’on le trouve formidable, ça lui va très bien d’être un connard, et même un gros connard. C’est pas une peinture un peu défraîchie, voire moisie ici ou là et deux petits réchauds rouillés qui vont faire bondir le monsieur.

Par contre, l’annonce du ballon d’or décerné à Karim Benzéma, ça, ça a dû l’émouvoir, lui tirer des larmes, à en sortir les mouchoirs. Une telle info, c’est à coup à le cueillir, lui serrer les tripes à en chialer comme un bébé. Il est ainsi, Le Graët, il a le ballon chevillé au corps et à l’âme. Résultat, c’est le Pac Man des droits de l’Homme. Rond comme un ballon, et plus rouge qu'un litron, c'est lui Foot-Man, Foot-Man. Vilain p'tit bonhomme, qui s’torche avec les droits d’l’homme, c'est lui Foot-Man, Foot-Man.

Mais il a raison. Parfaitement. C’est tellement simple de manipuler des images. Des taudis ? Et alors ? On en trouve partout ! Depuis quand c’est un problème ? Si on n’aime pas camper dans des bouges insalubres, on se bouge le popotin, on monte quelques étages, on tape dans un ballon, et hop : un peu de talent, un peu de politique, et c’est réglé. On oublie trop souvent qu’il suffit de traverser la rue pour résoudre bien des problèmes… Au moins, vous avez appris que quelques coups de peinture suffisent à effacer les morts sacrifiés sur l’autel des stades du foot.

 

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