Des travaux, un marteau, des soucis (épisode 4)

 


D’ailleurs... vous tentez encore d’amadouer Croquette, l’assurant de votre bon sens et de moult pâtées expiatoires, quand vous voyez passer votre baignoire : vous en êtes toute retournée, feu votre baignoire également.

C’en est trop pour Croquette qui bondit et file chercher une cachette plus sûre, aussi vite que sa féline tactique le lui permet : tel le chat qui s’obstine à s’aplatir sur la pelouse pour passer inaperçu de la souris convoitée, Croquette, vivante imitation de la crêpe rampante, traverse le carrelage de la cuisine, irrémédiablement vierge de toutes hautes herbes. À défaut de rongeur, votre infortuné minet croise vos toilettes, tanguant à vive allure hors de vos murs. Elles laissent derrière elles un ultime chemin de gouttes d’eau bleue : vous ne savez que penser de cette version sanitaire du Petit Poucet... Plus honnêtement, vous n’en pensez rien de bon, maudissez cet achat de tablettes colorées ineptes et le nettoyage à venir. De l’eau bleue, il y en a un peu partout. Même sur le matou. Pas content Croquette. Le bleu lui sied pourtant à ravir. Il a tout du héros de livre pour enfant : « le Chat bleu ». Un super titre. Mais Croquette boude, prostré, terré sous le canapé, il ne partage pas votre avis.

Il ne daignera sortir qu’une fois les méfaits destructeurs achevés depuis plusieurs heures. Indifférent à vos efforts pour effacer toute trace du chantier de votre maisonnée, Croquette constelle le sol, encore mouillé d’eau savonneuse et d’un dur labeur, d’empreintes de ses coussinets. Épuisé, il ne songe même pas à miauler l’ouverture de la baie vitrée et se recroqueville sur l’accoudoir du canapé : il faut le comprendre, ses neuf heures de sommeil diurne ont été grandement perturbées...

Jour 2

L’ouvrier hirsute et poussiéreux (il n’est pourtant que 8 heures du matin ! Où cet homme a-t-il bien pu traîner ? Non ! Vous ne voulez pas le savoir. Passe-t-il il ses nuits à démolir des parois, en être dont la passion n’a pas de limites, pas même nocturnes? Un fan de Gainsbourg qui a pour unique et constante occupation faire «  des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous »? Cette question restera entière... Quant à s’inquiéter que l’être qui contribue à la construction de salle de bain ne soit visiblement que modérément utilisateur du lieu… De toute façon, vous êtes d’un naturel inquiet… Alors…), cet ouvrier qui franchit votre seuil est tout sourire : tant mieux, c’est engageant, et comme il ne maîtrise pas votre langue, pas même un modeste « bonjour », un sourire est de bon aloi…

D’un pas fringant et boueux (Pourquoi ? Pourquoi avoir planifié ces travaux en plein hiver, multipliant les risques de jours pluvieux, neigeux et donc les traces crasseuses susceptibles de maculer votre pauvre logis ? Aucune idée. Ce n’est en aucun cas à imputer à votre passion inavouée pour la serpillière. Non seulement vous n’avez pas à avouer une telle aberration, mais vous êtes sur le point de développer une allergie sévère.), d’un bon pas donc, l’individu traverse votre salon, franchit les escaliers, le premier étage, le deuxième, maculant son passage de terre et atteint la salle de bain, ou ce qu’il en reste, et frappe. Marteau, massue, vous ne savez quel objet il agite avec enthousiasme. Mais ce dernier est bref. Le vôtre aussi. Même si l’existence de votre enthousiasme à subir ce bruit et cette fureur est aussi sujette à caution que celle des licornes à crinière arc en ciel anthropophages. L’Hirsute descend d’un étage, vous rejoint dans votre bureau et vous tend son téléphone : son patron vous informe que, vu le souci avec le sol, il passera demain matin.

Un souci ? Quel souci ? 


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