Confinement 14
Le problème, avec les boutiques, c’est le masque. D’abord, de masque, vous n’en avez pas. De talent de couturière non plus. C’est comme le tricot. Mais vous n’allez pas revenir sur cet épisode digne du Père Noël est une ordure. Et puis le masque, ça ne vous va pas. Vous ne sauriez expliquer pourquoi. Mais… Ça fait ressortir votre culotte de cheval, non ? C’est le repas-apéro plutôt ? Peut-être. N’empêche qu’on est censé vous poster des masques. Mais quand ? Et un kit anxiolytique-tequila avec ? Pour votre santé mentale ? Vous ne le savez pas encore, mais vous le pressentez : quand vous serez masquée, vous aurez progressé sur l’échelle de votre anxiété, et, également, vous pourrez vous targuer d’améliorer votre maîtrise du Spritz. C’est plein d’orange, vous avez besoin de vitamines.
N’empêche que jouer les Pretty
confined, ça vous porte légèrement sur le système graisseux.
Il faut reconnaître qu’esthétiquement parlant, le Covid, ça
a tout de même des conséquences fâcheuses. D’ailleurs la question des
professions essentielles se pose. Vous voulez bien envoyer une photo, mieux,
Choupinet et sa crinière au ministère, histoire d’illustrer concrètement et
indiscutablement les dégâts capillaires engendrés par le Covid. Parce que Choupinet,
à ce train-là, il est bon pour faire carrière comme doublure de lion. Ou de
Virginie Effira. Ou de Julien Doré.
Le Covid ? Oui. Ce truc ne peut être que masculin.
C’est non-négociable. Question de parité. Sont déjà absurdement féminines
épidémie, pandémie, saloperie, ineptie, attaque et guerre, c’est bon. Covid
sera masculin : c’est votre espace de liberté, rien à braire de
l’Académie. Elle va faire quoi d’abord ? Vous collez une amende ?
Vous êtes libre ! Dans votre salon. Libre de manger de la raclette à tous
les repas. Libre de regarder des vidéos d’Aymeric Lompret en boucle. Ceci
explique cela.
Oui, vous bouillonnez de colère et de frustration. Et vous
parieriez sans trop de risque que vous n’êtes pas la seule… Essentiel,
non–essentiel : vous ne l’aimez pas trop, cette distinction. Elle a des
relents déplaisants. Comme si des instances nébuleuses s’autorisaient à décider
qui doit vivre ou mourir. Mais vous exagérez : ce serait approprié si vous
viviez une époque où règneraient l’arbitraire, l’autoritarisme abscons, l’aveugle
profit, piétinant de leurs semelles de plomb la solidarité, la joie, la
curiosité… Hihi. Vraiment. N’importe quoi. Vous seriez pas en hypoglycémie,
vous ? Allez, apéro !
Mais avant cela, oui, vous insistez : revenir à la
coupe mulet, avec une décoloration maison à base d’eau oxygénée, un fond, parce
que le reste de la bouteille est déjà parti dans le dernier cocktail, c’est
grave. Presque aussi grave que de fermer librairies, bibliothèques, théâtres,
cinémas… Comme s’il n’était pas essentiel de nourrir son esprit en temps de
pandémie. Certes, il semblerait que l’impossibilité d’ouvrir un livre ne puisse
pas toujours être imputée à un mondial virus. Néanmoins…
Heureusement, après le confinement, le beau temps ! Et
on apprend toujours de ses erreurs, n’est-ce pas ? Depuis le temps que le
service public morfle grave… Ils vont être drôlement heureux d’être reconnus,
augmentés, embauchés à hauteur des missions ambitieuses qu’on leur assigne, les
personnels soignants, les enseignants… Merci la pandémie ! Ça va être une
belle bamboche !
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