U.S. : Casino (partie 1)

Le Nevada.

Presque trois millions d’habitants. Et des casinos. Combien ? Impossible de le savoir. Il ne semble pourtant pas sorcier de compter un nombre d’établissements. Un enfant pourrait, par exemple, lister le nombre de cabinets d’avocats.

Ah… Les avocats… Magnifiques… Vous adorez ces grands panneaux avec la trombine d’un mec lifté à souhait, dents dignes d’une pub pour dentifrice de star, qui dit Accident ? Put them on the run ! ou encore Injured ? Get what you deserve ! ou Enough said, Call Bob ! Ce qui donnerait, avec quelques aménagements… : « Un accident ? Ça va chauffer pour les chauffards ! » ou « Blessé ? Demandez des indemnités dignes de ce nom, crénom ! » ou « Mon cabinet est aussi efficace que le petit nez de ma sorcière bien aimée… » Cette dernière traduction est d’une liberté en accord avec les grands espaces américains, certes, et pourra poser des problèmes de code culturel, certes. (Si. Ma sorcière bien-aimée, c’est de la culture. Si.) Elle est néanmoins fort parlante. Pour vous et tous ceux qui ont eu l’heur d’admirer les exploits de Samantha. En tout cas, l’Amérique, c’est le pays où on peut s’érafler le vernis d’un ongle parce que le fucking conducteur devant vous a obligé à piler et obtenir pour ce crime des indemnités équivalentes à une vie de manucure gratuite. Ou à peu près. Merveilleux pays. Ou pas.

Un enfant, donc, pourrait lister le nombre de cabinets d’avocats, le nombre de supermarchés. Mais pas les casinos. Pourquoi ?

Parce que des casinos, il y en a partout. Autant essayer de recenser le nombre d’épines d’un cactus ou de poils d’un coyote. Vous faites le plein d’essence ? Pendant que vous payez, une machine à sous est là, au cas où. Vous faites vos courses ? Entre le plein de soda et de donuts, si vous avez une petite envie d’abaisser un levier pour voir trois sept s’afficher, vous pouvez toujours essayer.

Le Nevada est une contrée à part dans un pays hors normes. Il paraîtrait que cela donne des lois déroutantes. Il serait ainsi autorisé de pendre un individu qui aurait eu l’outrecuidance de venir buter votre petit toutou adoré sur votre propriété. On a la culture du hot dog ou on ne l’a pas… C’est une loi complexe : il n’est pas évident qu’un canicide accepte gentiment de mettre son cou au milieu d’une corde suspendue à une poutre (pas de chêne justicier au Nevada : climat trop sec). Mais bon.

Il serait également illégal de vendre de l’alcool à des imbéciles. Une loi tout à fait intéressante. Comment les lobbies de l’alcool l’ont-ils laissée passer ? Un sacré manque à gagner… À moins que le test de QI à réussir pour pouvoir passer en caisse ait été rédigé par l’initiateur même d’une loi aussi lumineuse…

Autre loi captivante : il faudrait un permis pour modifier la météo. Cette loi est certainement liée à la précédente. Un abruti fini a réussi à braver la loi et à dégoter une bouteille de bourbon et, dans la foulée, a imaginé cette délicieuse loi. Qui ouvre de réelles perspectives. Vous mourrez d’envie de passer ce permis pour avoir un 20° et du soleil en plein mois de novembre. En même temps, des milliards de pollueurs sans permis sont en train de réaliser votre rêve... Mais ça prend du temps. Alors qu’un bon permis de décider chaque soir du temps du lendemain… Vous venez d’acquérir une délicieuse robe à bretelles pendant les soldes d’hiver et vous n’avez pas la patience d’attendre six mois pour l’étrenner ? Pas de souci, vous avez votre permis météo ! Le hic, c’est votre voisin… S’il a, lui aussi, un permis météo, et que vous ne vous vous mettez pas d’accord… C’est un coup à finir la journée en pleine tornade. On peut néanmoins raisonnablement espérer que le permis météo soit extrêmement difficile à obtenir.

Toujours sous bourbon, le législateur susnommé aurait décidé qu’il est interdit de conduire un chameau sur l’autoroute. Il devait commencer à dessaouler : force est de reconnaître que promener son chameau sur l’autoroute peut considérablement nuire à la santé de l’animal et à la circulation, créer des bouchons terribles augmentant la pollution, ce qui inévitablement aurait une incidence sur les porteurs de permis météo. Tout se tient.