U. S. : le restaurant ou vegetables and co (partie 2)
À côté de cette merveille des merveilles, une cafetière
regorge de café, dont vous pouvez, là aussi, disposer comme bon vous semble. Le
breuvage est malheureusement à la hauteur de sa réputation. Insipide comme un
soda sans sucre et sans bulle, fadasse comme un satané cupcake sans glaçage.
Les ronflements de Nounours sont plus assurés de vous tenir éveillée que cette
eau de vaisselle vaguement noirâtre.
Indifférent à vos comparaisons nauséabondes, Nounours a
dégoté un autre prodige : une machine à glace. Cette fascination pour les
petits cubes d’eau gelée peut dérouter. Mais au pays du base-ball et du réchauffement
climatique… Une bonne Bud doit baigner dans la glace avant d’être dégustée. Les
machines à glace au fond des couloirs sont là pour ça. Et pour remplir votre
glacière, au cas vous traverseriez subrepticement un désert et souhaiteriez
rester en vie pour narrer votre épopée. Et pour les batailles.
Cette possibilité n’a pas échappé à Choupinette, qui trouve
follement amusant de glisser des glaçons un peu partout sur son frère. Cela a
le mérite de l’arracher à sa fascination pop-cornesque et l’inconvénient de
déclencher des représailles si discrètes que l’envie (récurrente,
reconnaissez-le…) de nier fermement tout lien familial avec ces petits
individus vous taraude ardemment…
Heureusement, une Bud glacée à la main, Nounours vous
sauve : « Ce serait pas l’heure d’un bon steak ? » Digne
père de son fils…
Oubliées les velléités de troisième guerre glaciaire, vous
prenez la direction du centre-ville de Williams, petit mais charmant. Le
sentiment que vous êtes un touriste aux portes du Grand Canyon ne vous quitte
pas totalement et vous sentez peser sur vos épaules la responsabilité de
consommer pour faire vivre toute cette communauté. Néanmoins, les lézards et
autres crânes prétendument peints par des mains navajos sont charmants.
Entre deux boutiques de souvenirs typiquement typiques, vous
tombez sur le Red Raven et vous y attablez. Dans votre serviette rouge joliment
pliée vous découvrez… Des couverts… Ah ! Mais ceux-là sont étonnants. Ils
ont l’air européen. Une fourchette
normale et un couteau normal. Halte là ! Faut-il craindre pour le steak de
Nounours ? Ce couteau ne battrait qu’avec difficulté une motte de
beurre… Ou alors la tendreté de la viande sera purement exceptionnelle… Vous
êtes inquiète…
Il ne fallait pas ! Le huitième de bœuf commandé arrive
accompagné d’un couteau dont Davy Crockett n’aurait pas même rêvé. Dépecer un
ours, c’est un couteau à qui ça ne fait pas peur. Le steak est entouré d’un
monticule d’énormes frites. Normal. Un plat américain. Tellement normal que le
menu ne prenait pas même la peine de les mentionner. Derrière les frites,
quelques brocolis. Une tentative maladroite de rétablir un équilibre
alimentaire fort malmené ?
Pas sûr… La tentative est si maladroite que le malheureux
brocoli est entouré d’une espèce de friture. Cela devait trop fendre le cœur gras
du cuistot américain : si c’est pas malheureux, servir un légume, là,
comme ça… Alors il l’a frit. Et re-re-frit. Visuellement, on perçoit encore le
brocoli. Gustativement, ça a tout du gras, plus rien du brocoli…
Loin de toute considération diabéto-cholestéro-chose,
Choupinette réclame un deuxième coca. Allez, c’est fête… Vos principes périront
englués dans une mer d’huile sucrée… Vous faites une exception à l’unique verre
de soda.
Quand l’addition arrive avec son cortège de taxes et de tips (un truc à vous pousser un peu plus
loin sur le chemin de l’infarctus… A-t-on idée d’assaisonner de tels plats avec
des notes aussi inattendues qu’indigestes ? Dans les pays civilisés, les
menus affichent clairement leur prix…), vous avez la surprise de découvrir que
le deuxième soda n’apparaît pas. C’était donc ça… Ce que vous n’avez pas
compris, entre autres, dans la formule du serveur, l’expression refill… Choupinette n’a pas eu un
deuxième verre : on a rallongé son premier. Nuance. Et cela peut durer
indéfiniment. Pour le plus grand bonheur des enfants et le plus grand malheur
de leur indice de masse corporelle.
Tout à coup vous saisissez l’ahurissement de la serveuse
quand vous avez demandé des verres d’eau. Elle vous a fait répéter trois fois.
Vous en étiez à songer à douter terriblement de votre merveilleux accent
américain… Elle a fini par capituler : are
you sure ? Vous voulez vraiment vous désaltérer avec de l’eau ?
Toute plate ? Sans sucre, sans bulle et sans glace ? Alors que vous
pouvez continuer à remplir vos estomacs de limonade caféinée sucrée à
souhait ? Sont fous ces français…
Bah, oui ! Vous êtes sure ! Il suffit de regarder sur votre droite la tablée
d’américains en mal de gastrectomie pour assurer que vous voulez définitivement
boire de l’eau !
Dis-donc, la parution hebdo semble avoir du plomb dans l'aile, le bonheur de la mère au foyer d'offrir à Nounours, Choupinet et Nette a tout surpassé en ce beau mois de Décembre ?
RépondreSupprimerBelle année Vous.
Monsieur usurpant l'identité de Madame C !