Vie de mère. (partie 1)


Travailler, c’est exister.
Vous râlez, vous traînez des pieds, vous préféreriez rester couchée, vous accumulez ulcères et insomnies, vous geignez à longueur de matinée et de soirée, votre côté français, ou humain, tout bonnement. Mais y a pas à tortiller : vous travaillez donc vous êtes.
Il suffit de regarder lors d’un dîner les malheureuses sur lesquelles on se penche plein de curiosité et d’attention, tout prêt à engager une conversation nourrie d’admiration. Qu’elles avouent qu’elles sont « mère au foyer » et, pschitt, on se détourne d’elles plus vite qu’un père d’une couche odorante. Aucun intérêt. Aucun.

D’abord ce n’est pas un travail. Un travail, c’est rémunéré, avec plus ou moins de justesse, mais, mois après mois, vos efforts et vos souffrances viennent nourrir votre compte en banque et, franchement, c’est gratifiant, plus ou moins, voire plus haut, mais tout de même. « Mère au foyer », c’est payé quoi ? Rien, nada, peau de balle, que pouic, keutchi, que dalle ! Donc ce n’est pas un travail. CQFD.
Ce n’est pas non plus un esclavage. La « mère au foyer » fait partie du foyer, comme la formule l’indique. L’esclave, non. Maltraité, officiellement exploité, il a tout ce qu’il faut pour susciter compassion et attention. L’esclave n’intéresse rien moins que des ONG. Eh oui. L’esclave a de la valeur.
Pour commencer, on l’achète. Les marchés aux esclaves, de Rome à Alger, sont très courus. L’étaient. Mais à quoi bon pinailler. Et on peut échanger son esclave : contre une vache, un lopin de terre. Essayez d’échanger une « mère au foyer » contre une chèvre, une poule ou même quelques kilos de sucre, personne n’en voudra !

Ce n’est même pas un statut. L’expression a peu de sens, « mère au foyer »…Vous voulez être « mère » à quoi vous ? Qui dit mère, dit, lardons, dit maison, dit foyer. Bon, le « foyer » peut être plus ou moins glamour, plus ou moins douillet, plus ou moins HQE, mais bon. Si vous êtes assez frappée pour vous amouracher d’un SDF junkie et reproduire son ADN, où va-t-on ? Où va-t-on ?  En dehors de ces extrémités extrêmes, « mère » va avec « foyer ».
L’expression est d’autant plus inepte qu’un individu féminin marié sans enfants ne travaillant pas va pouvoir prétendre appartenir, certes abusivement, au groupe des « mères au foyer ». Promener le chihuahua, l’embrasser tendrement sur sa truffounette qui était fourrée y a dix minutes dans le derrière d’un doberman ne fera jamais d’un individu une mère. Jamais. Une honteuse usurpation. Qu’est-ce qu’on peut bien branler dans un foyer si on n’est pas écartelé entre biberons, poisson et apprentissage des leçons ! Pané, le poisson. Because lardons, of course. Idem pour l’avocate ambitieuse, drôle et sensible, qui a souhaité, avec justesse, elle, du moins s’en targue-t-elle, reproduire son ADN : elle est mère, et elle a un foyer, plutôt canon le foyer d’ailleurs. Pour autant elle ne répondra jamais, jamais, qu’elle est « mère au foyer ». Alors ?

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