Le correspondant # raclette# fatiguée (partie2)
Mince. François est là. Nullement enrhumé. En pleine forme.
1m80 d’Espagne dans votre salon : la fabada,
ça stimule la croissance ! Choupinet (qui clame à qui veut l'entendre
qu'il vous dépasse, le bougre, et c'est pas faux qu'il a raison...) a l'air
tout petit. Tout immense qu’il soit, François est muy tímido et muy
fatigado : le pauvre, vous lui laissez deux heures de repos avant
d’entamer les hostilités.
Déjeuner à 13h30, ça va vous mettre en grave hypoglycémie,
ça…
Le pays a sorti le grand jeu pour impressionner le sujet de Felipe
VI : grand ciel bleu, des températures estivales. C’est clairement un
week-end à ouvrir la saison des barbecues. Sauf que la professeure d’espagnol (la
dingue du tortillas qui donne à
réviser tout le vocabulaire depuis le début de l'année sitôt que des vacances
se profilent, et qui est malgré tout adorée de ses ouailles… la psychologie de
l’élève et ses mystères…) a donné des ordres : vous devez cuisiner franchouillard
et dépaysant. Lorsque vous avez opté pour une raclette il y a deux jours, quand
mars et printemps ne rimaient pas encore, vous ne pouviez pas deviner que vous
auriez envie de fromage bien caliente
comme de vous pendre…
François fait bon accueil au fromage fondu, à la
charcuterie, aux patates… Il boude les cornichons et termine son repas alors
que Choupinet en est à peine à la moitié du sien… Le métabolisme de votre
progéniture vous émerveillera toujours : comment peut-on engranger tant de
nourritures et conserver une morphologie digne de L’homme qui marche de Giacometti ? Mystère… Mais, après tout,
François souffre certainement de son long périple et il retrouvera un appétit
digne de sa hauteur ce soir.
Histoire de favoriser l’échange de faux-amis (oui, vous êtes
optimiste et tenace) et l’envie de vomir, vous suggérez une petite pause
trampoline avant… avant…
Avant les devoirs ! Sacrés. Charybde et Scylla du
samedi, que Choupinet franchit chaque semaine, d’une humeur plus ou moins alegre, pour atteindre la terre promise
des jeux et de la glandouille. François en est plus dérouté que s’il assistait
à un défilé de grévistes clamant haut et fort leur indignation de voir
l’éducation nationale, ses rêves d’un enseignement de qualité offert à tous
dans des conditions propices à l’apprentissage, un enseignement frappé du sceau
de l’égalité et de la fraternité, de la voir, donc, cette éducation, réduite à
néant par une énième réforme qui cache son désir d’économies drastiques sous un
costume brillant fallacieusement paré d’efficacité et de modernité… Digression
trop copieuse ? Peut-être. On en reparle à la rentrée. Revenons à notre
compatriote de Gaudi et Garcimore.
François juge opportun d’informer Choupinet de l’arnaque enseignante : lui n’a aucun
devoirs la semaine, et trente petites minutes le week-end… Et, pour être sûr
d’être compris, il insiste, le bougre. C’est malin : des années que vous
prônez le goût de l’effort et du travail justement récompensé et le roi de la siesta vient ruiner tout cela en
quelques minutes. Écœurant. S’il continue, vous allez lui proposer des huîtres
en entrée, suivies d’escargots et de pigeon aux petits pois : il y a des
limites à l’échange culturel, si François ne le réalise pas rapidement, vous
avez les moyens de vous faire comprendre…
Votre regard à la Franco est suffisamment dissuasif pour que
Choupinet juge plus prudent d’achever ses corvées. Tout de même. Ces années de
répression parentale n’auront point été vaines.
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