Humeur # Omicron #élections
Enfin ! Deux ans d’attente, et enfin !
Deux ans que vous vous sentiez comme une doublure
de figurante dans le plus flippant des films catastrophes jamais imaginé, et ça
y est…
Choupinette est cas contact. Deux fois. Elle a eu
cours de SVT, c’est idéal pour tester un virus, avec un cas. Il est vrai que,
dans un collège, les cas, ça pullule, mais, cette fois, ce n’était pas de la
graine de pyromane ou de dealer de shit. C’était vendredi. Vous en avez donc
été informée lundi matin. Et, l’après-midi, deuxième mail : le professeur
d’anglais est également contaminé. Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule.
Le goûter a donc été remplacé par un auto-test. Ça
ne doit pas être simple de farfouiller dans un nez de tout petit. Ça ne l’est
pas non plus de tournicoter de l’écouvillon dans une narine pré-adolescente.
Qui râle, qui renâcle, qui recule. Qui vous casse les pieds et les oreilles.
Comme d’habitude, en fait…
Tandis que vous patientez les douze minutes
requises, vous remerciez qui veut bien réceptionner vos pensées que le temps ne
soit pas encore venu d’imbiber cette troublante bandelette d’urine… Un test
ressemble fort à un autre… Pendant que vous frémissez, le temps s’écoule :
Choupinette est positive. Le trait est d’un très léger rose, tout pâle. Mais la
notice stipule que le plus infime trait compte. Vous êtes soulagée : c’est
l’avantage d’avoir un esprit tordu et digressif. Bravo ! Vous êtes dans le
game ! Et la merde.
Votre premier réflexe ? Remercier.
Vraiment. Un grand merci. Deux ans que vous vous
êtes isolée, confinée, masquée. Scrupuleusement. Deux ans que vous avez réduit
votre vie sociale à la consommation de bœuf d’un vegan. Deux ans que vous vous
aspergez de gel hydro alcoolique, flagrance pandémie, et que vous comptez les
vagues pour vous endormir. Deux ans que vos nuits sont trop courtes, donc.
Mais, heureusement, le gouvernement a décidé de
supprimer les masques dans les établissements scolaires. Les grandes surfaces.
Les pharmacies et compagnie. Et voilà, il n’a pas fallu attendre neuf mois, pas
même neufs jours pour accoucher d’une magnifique contamination. Et Choupinette
est loin d'être un cas isolé. 180 777 nouveaux contaminés rien
qu’aujourd’hui.
Quel bonheur de se sentir au cœur de l’actualité,
de partager cette grande expérience collective dont vous vous sentiez affreusement
exclue.
Jamais vous n’avez critiqué, jamais vous n’avez
même pensé critiquer la gestion de la crise. Bien malin celui qui oserait faire
des leçons face à une catastrophe mondiale inédite.
Inédite ? C’est-à-dire originale, inconnue. Un
exemple ? Une œuvre inédite est une œuvre qui est publiée pour la première
fois. Vous ne voudriez pas chercher des poux sur la tête d’un morveux de
maternelle, mais, tout de même, l’adjectif inédit vous semble un poil
inapproprié.
Au bout de deux ans. Cinq vagues. Un paquet de variants. Delta, Alpha, Beta,
Lambda, Gamma, Omicron… Sur le nombre, vous hésitez : Omicron étant la
quinzième lettre de l’alphabet grec… Sympa, cette idée de l’alphabet. Très
classe. Il y a aussi la version « voyage voyage » : le variant
indien, britannique, sud-africain, péruvien brésilien, québécois, breton… Une
version un peu ironique quand on va d’un confinement l’autre… Vous ne savez pas
si vous devez compter les sous-variants : La version BA.1, BA.2, BA.3,
rien que pour Omicron.
Les sous-variants ? Des sortes de
petit-cousins. Un air de famille très clair, mais chacun a ses petites
spécificités. Le plus contagieux, celui qui supprime le mieux le goût et
l’odorat, celui qui vous empêche le mieux de respirer… Tous différents. Mais
tous bien relous. Une vraie fête de famille. Et personne ne veut que le
réveillon dure deux ans… Personne. Même sans oncle alcoolique. Ou raciste. Ou
pédophile. Ou juste très con. Les réjouissances, c’est sympa, quand elles ont
une fin.
Alors, au bout de cinq vagues, vous avez commencé à
capter deux-trois trucs. La répétition, c’est la base de la pédagogie. Demandez
à Choupinette : il ne lui a pas fallu plus d’une fois pour comprendre que
jouer au coiffeur avec Croquette était une très mauvaise idée… Elle en a gardé
des photos mémorables. Et elle sera vraisemblablement immunisée contre la
toxoplasmose. Merci Croquette.
Ainsi, lorsqu’à la mi-mars, en plein réveil
printanier et hormonal, tous les collégiens et lycéens du pays sont retournés
en cours, libérés du masque, vous ne l’avez pas méga bien senti… D’ailleurs,
légèrement honteuse et profondément mal à l’aise, vous n’avez pas ôté le vôtre.
Un sentiment de solitude fort désagréable et paradoxal dans les grandes
surfaces.
Cinq jours plus tard, si vous restez tristement
minoritaire, vous vous sentez moins bizarre. Visiblement, vous n’êtes pas la
seule à douter de l’opportunité de se démasquer. Autre preuve que vous n’êtes
pas qu’une bête béotienne : l’OMS est également de votre avis. Trop tôt. C’était
trop tôt.
À un an des élections, le gouvernement imposait un
pass vaccinal. À un mois des élections, le gouvernement supprime l’obligation
du masque dans ces lieux si sûrs que sont les salles de classe. Le rapport ? Aucun. Personne pour
suggérer qu’il faudrait faire souffler un vent de liberté pour glaner du vote.
C’est sûr. Aussi sûr qu’évoquer une revalorisation des salaires des
fonctionnaires, gelés depuis… Pff… Un bon demi-siècle. Cette idée n’est en rien
liée au dimanche 10 avril. En rien.
Vous remerciez donc sans arrière-pensée. Sans
sentiment de morfler pour que le bail de l’Elysée soit renouvelé.
Et vous allez donc pouvoir goûter pleinement les
joies de l’isolement. Si, à J+2, vous avez toujours goût et odorat.
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