Lettre au père Noël, # chienlit sous influence (partie 4)
Et tu noteras le sage altruisme de
ma liste. Je n’ai pas demandé le tout dernier modèle de portable alors que j’en
ai encore un très fonctionnel. Non. Ce serait inconséquent et trop incohérent,
même pour moi.
Ni un Choupinet serviable,
attentionné envers sa mamounette d’amour, concentré sur ses études et non sur
son bouillonnement hormonal. Je ne crois pas au … Bref, on s’est compris.
J’accepte donc que l’animal que j’ai mis au monde, nourri et choyé passe une
semaine entière à mille kilomètres sans m’envoyer le moindre message. Alors
qu’il a le portable aussi scotché à son oreille que des créoles aux oreilles de
sa sœur. Pas même un pauvre émoji pour me signifier qu’il n’a pas été enlevé
par un psychopathe. Je suis même prête à lui reconnaître une certaine
cohérence : qui ne sort de sa chambre ne donne point de nouvelles quand il
est au loin. Ce qui est visiblement son seul souhait. Je devrais m’en réjouir.
Le cordon est coupé. De là à le piétiner, à le jeter au compost… C’est rude. Je
suppose que c’est moins douloureux que d’accoucher. Ce doit être la rançon pour
être une connasse qui met au monde une future boule d’ingratitude en une petite
demi-heure. Sans souffrir. Il n’est que justice que cela vienne plus tard.
Il n’empêche que le premier
connard qui me sort le débile dicton « petits enfants, petits soucis ; grands enfants, grands soucis », non seulement je l’emmerde, mais je lui ôte violemment sa
condition de citoyen et de mortel, responsable ou pas.
Passons. Tu auras également remarqué que je suis
mesurée (non, ok, pas dans tous, tous mes propos. Nul n’est parfait…) à défaut
d’être responsable.
Je n’ai pas été assez utopiste
pour te réclamer un monde juste un tout p’tit peu apaisé.
Un monde, par exemple, où Novak ne serait pas le nouveau
Jésus crucifié, torturé… Il est mignon papa Novak, on aime tous nos enfants, mais
il abuse un peu de la vodka frelatée, non? Choupinette aussi elle n’aime pas
trop qu’on touche à son corps, la dernière malheureuse qui a voulu lui faire
une prise de sang y a perdu son sang-froid et sa vocation. Choupinette aussi
elle est intolérante au gluten et trie ses aliments avec une attention
désespérante. Sa consommation de gras et de viande suffirait à sauver si ce
n’est la planète, le département. Pour autant, je reste un chouïa lucide :
Choupinette n’est pas Jésus. D'ailleurs, c'est quoi le féminin de Jésus? Jésuse? Gaïa? Pandore?
Un monde où les talibans ne trancheraient plus une tête, pas
même celles de mannequins qui ont l’outrecuidance, les salopes de plastoc, de
n’être pas voilées. Ils aiment couper, ils aiment couper, ok. On a tous nos
marottes. Il y a tout de même d’autres voies à creuser… Boucher? Bûcheron ?
Coiffeur ? Je n’en connais pas un qui ne coupe plus qu’on lui demande…
Un monde où il serait impensable qu’une influenceuse se fasse
cinquante mille dollars. Par semaine. La somme et la durée sont, en soi,
délirantes. Mais, père Noël, attends la suite… Cinquante mille dollars, donc,
par semaine, en vendant ses pets en bocaux… Qu’elle trouve même un seul débile
pour acheter une cuvée de pets est dingue. Et, non, c’est regrettable, mais ce
n’est pas une faute de frappe, de goût assurément : on parle bien de pets…
Certes le Covid a provoqué bon nombre de pertes d’odorat, néanmoins cela
n’explique pas une telle folie. Folie que la pétomane pétée de thunes
justifie : ses bocaux sont le signe « qu’il faut aller à contre-courant, être pionnière et ne pas se soucier
de l’opinion des autres. » Un côté dadaïste ? Une digne
héritière de Tristan Tzara ? Non… Personne ne mérite une telle filiation… On
la critique ? C’est par jalousie ou antiféminisme… Les féministes
apprécieront. Les êtres humains dont le cerveau n’a pas été rongé par des
zombies post-apocalyptiques également. Néanmoins, au train où vont les choses,
elle pourrait faire une bonne candidate aux présidentielles : le pet
n’est-il pas le début des emmerdes ? Ou alors… Mieux…
Un monde où influenceur ne serait
pas un « métier ». Où influenceur ne serait pas. Tout bonnement.
Parce que, sans cela, on pourrait proposer à Thomas Pesquet une nouvelle
expédition : des spatiaux pets de Pesquet, ça doit valoir son pesant de
pépettes. Ou on pourrait songer à optimiser le savoir-vivre de Choupinette et
proposer ses rots en flacon. En plus, chez elle, c’est une propension
tout-à-fait naturelle. Cela ne lui vaudrait pas de se retrouver à l’hôpital et
de se taper une honte cosmique. Pas évident d’avouer que les atroces douleurs
qui vous valent d’atterrir aux urgences sont dues à un professionnel excès de
mogettes…
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