La conduite accompagnée (1/5)

 


Parfois vous avez des idées… Sottes. Saugrenues.

Voire dangereuses.

 

Depuis que vous avez accouché (Il y a de cela quelques années, mais vous vous en rappelez fort bien. Pour diverses raisons. Diversement avouables. Du moins si l’on souhaite que l’espèce continue à proliférer...), vous avez saisi, avec une acuité de plus en plus fine au fil du temps, que, si plus les enfants grandissent plus les parents vieillissent, ce n’est pas seulement une question de logique temporelle. Non. Parfois, oui, parfois, vous vous interrogez sur la possibilité que votre progéniture s’échine à accélérer votre arrivée au terminus du chemin. Volontairement. Pour hériter. Ou par pure cruauté. Pour s’amuser. Ou juste comme ça.

Mais, parfois, oui, parfois, vous vous surprenez à leur faciliter grandement la tâche.

Ainsi, par exemple…

 

Vous avez inscrit Choupinet à la conduite accompagnée. Un oxymore. Conduite et accompagnée sont deux termes incompatibles. À moins de vouloir être occis, mort. (Ahah. Jeu de mot. Non, mais, parce que, comme ils ne sont pas toujours bons, ce serait dommage de passer à côté… Même d’un mauvais…)

Soit tu conduis. Tu sais où tu vas, tu peux t’arrêter au feu rouge sans caler, doubler un camion sans emboutir le motard dans l’angle mort, reculer sans écraser un cycliste au passage… Soit… Rien.

Et puis, accompagner, c’est bien joli mais Choupinet, il n’a pas tout du compagnon, en ces années hormonalement explosives. Partager le pain, c’est tout une histoire ! Il faut l’appâter longuement avant qu’il daigne quitter son antre. Pourtant il a l’appétit d’un Obélix à la table d’un Mannekenpix. Alors l’amadouer avec un bête quignon : folie ! D’ailleurs, même si vous lui préparez ses lasagnes préférées, sa tartiflette adorée, sa fondue rêvée, il semble n’avoir qu’une idée : battre un record de vitesse pour ingérer le plus grand nombre de calories avant de s’enfermer à nouveau dans sa chambre. Sur la porte, aucun sens interdit, pas une tête de mort, rien. Pas la peine. Le message est clair : même avec une pile de linge propre et repassé, vous n’êtes pas la bienvenue. Peut-être parce que vous avez osé laver ses tenues préférées sans autorisation préalable ? Peut-être.

En tout cas, faire trois mille kilomètres à ses côtés, c’est prometteur. Et il n’avait rien demandé… La seule coupable : vous. Pauvre de vous.

 

En attendant, vous attendez.

Bien sûr, vous êtes loin de tout centre-ville. La campagne. Une excellente idée quand son marmot a deux ans et un goût prononcé pour les sucettes au caillou. Ou quand le pays est confiné. Si, si. Ça arrive.

Sauf que vient un jour où le marmot vous fait l’aumône d’un bref bisou deux fois par an et par pur intérêt : à son anniversaire et à Noël. Un jour où être confinée avec un individu de seize ans d’âge dans une maison, même pourvue d’un jardin délicatement fleuri par vos soins, est aussi enthousiasmant qu’avaler un bouillon de limaces, aussi réjouissant qu’apprendre que vos deux doses de vaccins ne vous empêchent point d’être contaminée ou contaminante. (Non, désolée, la réduction de risques ne compte pas. Surtout quand les plus de 80% qu’on vous a vendus passent à un ridicule 50% : si vous annonciez avec une assurance toute ministérielle que, tout compte fait, vous n’allez payer que la moitié de vos impôts, vous seriez joliment reçue…) Alors être confinée avec ledit individu dans un tout petit habitacle d’une toujours trop petite voiture. Sans le soutien d’un Chivas aussi âgé que l’accompagné. Quelle idée.

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