2e vague (4)

 


Non, vraiment, vous cherchez une échappatoire. On glose habituellement sur la première fois. Mais c’est une erreur. C’est la deuxième fois qui est toute pourrie. La première avait le goût de l’inédit, le truc dingue qu’on ne vit qu’une fois, qu’on ne doit vivre qu’une fois ! Comme subir une épilation définitive au laser. Putain que ça fait mal. Alors, si ça repousse tous les trois mois, non, vous n’êtes plus du tout partante.

Au fond, ce qui vous chafouine le plus, c’est vraiment ce flou. On vous dirait une bonne fois : « Allez, zou, tous enfermés pendant quatre mois. École à la maison. Et rations déposées sur le perron. Mais après, c’est fini. The end. Pour toujours. For ever. »Hein ? Bilingue ? Oh, merci, c’est gentil. Non, mais ça, c’est à force de regarder des séries en V.O. Vous imitez aussi hyper bien la Queen du Sud : « My name is Teresa Mendoza. Iwas poor. Rich is better. Believe me. » Tu m’étonnes. Et avec l’accent, et tout, et tout.

Bref. Si on vous annonçait clairement la couleur, même une couleur « chiottes publiques en période de gastro un soir de beuverie, euh, de bamboche », la couleuvre serait moins grosse à avaler. Quoique, soyez franche, honnêtement, vous, avaler un orvet, même un ver de terre : non merci. Sans façon. Alors, avaler un anaconda, ça fait beaucoup et pas envie.

Vous, vous êtes pour arracher violemment le pansement, en hurlant, avec les poils, et la peau. S’il le faut. Ce qui peut alors, certes, faire douter de l’utilité du pansement.

Mais le soulèvement d’un coin, tout tout doucement, en prévenant que, attention, ça va faire très très mal, « allez, couvre-feu ! », pour recommencer une semaine plus tard, tout en parlant déjà de s’occuper d’un autre coin bien collé mais pas tout de suite, « allez, confinement ! ». Faire diversion en laissant planer une menace sur Noël, son esprit et sa dinde et en créant des méandres d’exceptions. Pour décider sept jours plus tard de décoller à demi une autre partie du gros pansement : « allez, cours pour les lycéens à 50% en présentiel. »

Sont-ils au courant qu’un lycéen, vu ses préoccupations essentielles, n’est, de toute façon, en cours qu’à plus ou moins 5% ? Parce que dans la tête d’un lycéen, il y a ça, et plus de place pour le reste : Avec qui je prends un café à 10h ? Paul le beau blond ou Camille le brun ténébreux ? Est-ce que j’ai bien pris mon chargeur pour regarder le dernier post de Squeezie ? Je devrais peut-être me faire des mèches violettes, à moins que le vert s’accorde mieux avec mes Vans… Déjà 11h : j’ai faim. 13h30 : est-ce que je tente une micro-sieste les yeux ouverts ? 14h30 : j’ai faim.

En plus, comme la vie n’est qu’injustice pure, à la maison, par contre, le lycéen est 100% prise de tête.

Merde. C’est comme annoncer à un individu convenablement doté de sentiments et d’imagination qu’il va mourir. Dans une semaine. Et changer la sentence hebdomadairement. Ou quinze jours. Ou un mois. Non, pardon, votre vie est sauve. Ah, flûte, non, plus que cinq jours… Ou moins. Merde ! Qu’on nous achève.


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