Le ski (partie 3)
Vont-ils seulement revenir de leur expédition ? Un
brouillard à couper à la machette est tombé, un Poucet ne verrait pas un
caillou au bout de son bâton. Vous auriez dû leur conseiller de semer des bouts
de leur équipement pour retrouver leur chemin. Ils ont assez de couches sur eux
pour cela...
Le doux fluo des combis doit toutefois aider à ne pas semer
un môme… Mais le harnachement n’aide pas, avec casque et masque, une ourse ne
reconnaîtrait pas ses petits… Et vous préféreriez récupérer vos Gagarine. Vous
les traumatisez tendrement depuis trop d’années pour ne pas ciller à l’idée
d’un échange. Traumatisés certes, mais ce sont les vôtres. Un traumatisme n’en vaut pas un autre. Les Turpin et les Stannard n’auraient
certainement pas volontiers troqué leurs petites têtes blondes contre d’autres.
On s’attache, malgré tout, avec le temps. « La porte ! »
Songeuse, vous commandez un chocolat liégeois. Une dose de
chantilly vous aidera à combattre l’avalanche d’inquiétudes qui s’abat sur vous
comme les flocons sur le mont Fuji. La chantilly adoucirait les pires
tourments. Ça devrait être remboursé par la sécu… « La porte ! »
De cuillères de chantilly en discussions neigeuses avec le
serveur sur le déneigement, les canons à neige, les touristes, les parisiens,
les touristes parisiens, « la porte ! », l’heure est venu de
récupérer Valentina, Alexeï et leurs étoiles.
La remise des prix est très sérieuse. Pour ceux qui
confondraient encore parallèle et chasse-neige, une médaille de
participation : on ne crame pas un buiseness florissant. Le parent, même
du rejeton le moins dégourdi, et ça existe, même si c’est toujours chez les
autres, peut fièrement trouer la combinaison hors de prix d’un pin’s, qu’il
soit de substitution ou non.
Fini le temps où la moitié des porteurs de dossards partait
en pleurs, infiniment déçue d’avoir supporté les pires outrages météorologiques
pour échouer le jour de l’épreuve finale, jour de pluie glaçante où les
moniteurs conseillaient le port du sac poubelle pour tenter de ne pas être
transpercé jusqu’à la moelle. Avec un trou. Pour faire passer le casque.
Conseil fort peu seyant et peu efficace au demeurant.
Fini le temps où des parents ulcérés s’offusquaient que
payer ne suffise pas à réussir le test. Le libéralisme sévit jusqu’en altitude.
Le mérite est une valeur qui se monnaye par tous les temps. À tout chèque,
toute médaille. Et si elle est de consolation, les cosmonautes tenteront une
autre approche dans un an… En cours particulier. Ils progresseront plus vite,
et plus cher.
Boris écope également d’un petit sermon : ce n’est pas
très sportif d’assener des coups de bâton à ses camarades, adopter un langage
de charretier n’a jamais fait avancer un tire-fesses plus vite et on peut
écouter son moniteur, même avec un casque. Ça peut être utile.
C’est amusant. Tout groupe d’enfants a son pourcentage de
Boris. Amusant. Scientifiquement vérifié ? Prenez un échantillon d’enfants,
à la neige, à la mer, en colonie, y
aura-t-il toujours un emmerdeur, un idiot, une brute et un sadique ?
Peuvent-ils s’incarner en un seul individu pour être toujours
représentés ? L’humanité a-t-elle besoin de sa part de lie pour
avancer ?
Choupinet met un terme à vos égarements givrés. Il a envie
d’une tartiflette. Le ski, ça creuse.
Mais bien sûr… Il est quatre heures. Pourquoi pas une fondue
ou une raclette ? Parce qu’il a vu le panneau alléchant qu’arbore le
« Reblochon joyeux ». Vous négociez âprement un chocolat chaud.
Vous avez encore à rejoindre votre véhicule, skis et bâtons
à l’épaule, chaussures lourdes à la main. Vous devrez vous extirper de votre bas-côté,
glisser jusqu’à la ville, trouver un espace adéquat pour sécher tout ce fatras
sans transformer votre logis en refuge montagnard… Y penser seulement est
épuisant. Alors l’heure n’est pas à la tartiflette. Non.
Les estomacs en pleine croissance peuvent toujours
manifester, vous resterez insensible. De toute façon Choupinet grandit trop
vite, il faudrait songer à le sous-alimenter.
Mais ceci est un autre chapitre.
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