U.S: La momie (partie2)


Vous avez fait Transformers. Au point où vous en étiez. 50 minutes d’attente. Avec des panneaux avertissant les femmes enceintes, les épileptiques, les cardiaques : rebroussez chemin. Vous avez tout essayé : « Tu trouves pas que j'ai pris du ventre ces derniers mois ?... » Si. Mais c'est le manque de sport et l'excès de bouffe. Vous vous prépariez pour le Road trip américain... « Ma myopie, elle prédispose pas aux crises d'épilepsie ? » Rien à voir mais bien tenté. « Ouh la... J'ai un pincement au cœur. Je crois qu'il serait plus raisonnable de consulter un cardiologue. J'y vais, je vous rejoins. » Pendant ce temps, un général annonce que la planète a besoin de vous, de votre courage (de quoi, il parle ???), de votre sacrifice (hein ??) vous n'en ressortirez peut-être pas vivante mais l'Amérique vous remercie de tenter d'arrêter  Megatron. Rien à foutre de l'Amérique ! Vous êtes déjà morte une fois aujourd'hui ! Ça ne va pas recommencer ! Et puis qui c'est Méga chose ? Il vous a rien fait, vous lui trouvez même le boulon sympathique. Certainement du délit de faciès. C'est pas bien, ça. Faut lui laisser sa chance... Il a la même trombine qu'Optimus prime. Qui doit être le gentil. Franchement, ils sont jumeaux. On peut très bien les confondre ! Vous vous êtes époumonée en vain. Peut-être parce que c'était en français et que les trois zigotos qui étaient seuls à pouvoir vous comprendre étaient trop occupés à appuyer sur les boutons de faux écrans, commenter les robots et traduire la mission. Un soldat vous a remis vos lunettes de combat 3D et un autre vous a poussée dans un wagon en hurlant « Go ! Go ! Go ! »



Wagon qui a été secoué par des monstres robots terrifiants. A été torpillé par une bombe qui a explosé à deux centimètres de vous : vous avez ressenti le souffle de l'explosion. Wagon qui a traversé New York à 10 000 km/h, fracassant des taxis, pulvérisant des camions. Wagon qui a été chopé par un méchant qui vous a propulsée dans les fenêtres du 127e étage d'un building que vous avez ensuite dévalé à 20 000 km/h. Avant d'être récupérée  et remerciée par Optimus. Ou méga truc. Vous ne savez pas. Vous les confondez. En tout cas, vous avez survécu. Ou presque. Et vous vous souvenez de cette expérience infernale. Ou presque. Parce que vous avez un peu fermé les yeux. Un peu. Mais moins la 2e fois. Et pas du tout la 3e! Si l'Amérique est attaquée par des monstres robots, à la 3e prise, vous serez LA personne sur qui compter...
En attendant votre heure de gloire et la reconnaissance éternelle de l’Amérique sauvée, il est temps de retrouver votre motel. Encore toute émue de vos récents exploits, vous vous installez dans la navette qui va vous conduire au métro. Prévoyante, vous cherchez la barrière de protection, celle que vous rabattrez étroitement contre vous au point de vous couper la respiration, celle à laquelle vous vous agripperez furieusement quand vous aurez l'impression d'être jetée du haut de l'Empire state building dans une machine folle... Point de protection dans la navette. Cette dernière démarre, accélère, stoppe. C'est l’annonce d’une accélération à 320 km/h : chacune de vos cellules a pleinement intégré cet avertissement, votre cerveau est submergé par une vague d’informations le préparant à flipper grave... Vous ne savez où vous vous cramponnez, la panique monte. Mais non. La navette reprend son bonhomme de chemin sans dépasser 32km/h, histoire d'admirer la vue sur L. A.
Pourtant votre corps continue à vous donner le signal que tout va bientôt tanguer, virer, loopinguer, foncer comme une fusée folle en avant, en arrière.  Le sol, la banquette, plus rien n'est sûr. Attendant votre métro, vous vous attendez aussi à ce qu'Optimus Prime défonce le plafond d'un coup de poing pour vous arracher à votre morne quotidien car il a terriblement besoin de votre aide infiniment précieuse. Votre courage est mondialement connu : les oreilles de vos malheureux voisins d'attraction en témoignent. Vos hurlements de terreur sont sans pareil...

Vous avez passé 10h 30 dans le parc. Pourtant vous vous étiez réveillés HS des trois heures de décalage ajoutées aux six précédentes, épuisés d'une nuit coupée par les bruits des climatiseurs et autres joyeusetés d'un motel. Mais à peine arrivés, vous avez eu une pêche ! 10h30 d'adrénaline de « Ouha ! », de « t'as vu ! », « Oh! Un minion! » (si vous savez pas, demandez à Nounours, il vous dira...), « Arghh ! Un tyrannosaure !! »
Toutefois, de retour au motel, vous accusez une fatigue certaine, suffisante pour oublier le parfum délicat de votre chambre, un doux mélange de détergent bon marché et de bière frelatée... Un parfum de meurtre ? De témoin mis sous garde rapprochée pour éviter la mafia ? Ou les deux. Au regard de l’accueil charmant du taulier, toute hypothèse digne d’un épisode de Breaking bad est envisageable… Mais rien ne pourrait vous empêcher de plonger dans un repos largement mérité. Ah… Si. Ce « bip, bip, bip, biiiiiiip ». Mais d’où vient-il ? Épuisée, vous partez en chasse du « biiiiiiiiiiiip » tonitruant, et mettez plus d’une demi-heure à comprendre que vous devez cette agression auriculaire à l’alarme incendie.
Choupinette et Choupinet (bien réveillés, merci le « biiiiiiiiiiiiiiip », alors que pour franchir le minuscule trajet métro-motel ils vous juraient sur tous les dieux qu’ils connaissent qu’ils étaient à l’article de la mort… Un minuscule trajet peut être long, très, très long : encore un paradoxe que seuls les enfants savent réaliser…) jugent opportun, avec le sens de l’à-propos qui caractérisent les enfants (encore eux !), de se chamailler tandis que vous partez en quête du propriétaire, indifférente au débat essentiel qui risque de dégénérer en apocalypse : qui a le droit de manger la dernière chips ? Pas la dernière de la ville, du monde et de l’univers. Sans quoi vous comprendriez l’importance du conflit. Non. La dernière du paquet.
Le gérant se moque de l’alarme comme de son premier calibre : vous pouvez bien cramer, il est assuré. Et un procès contre les fabricants du « bip », ça pourrait même lui rapporter… Dépitée, vous vous traînez jusqu’à votre immonde piaule… Nounours a arraché le boîtier. Qui bipe encore, à terre, faiblement, mais toujours trop pour vos sensibles oreilles… Nounours a sauvé trois fois l’Amérique d’une atroce destruction aujourd’hui, ce n’est pas une malheureuse alarme, pas même robotisée, qui va l’empêcher de ronfler : sans piles, le « bip » rend enfin l’âme.
À votre réveil, vous avez encore l'impression que le siège sur lequel vous écrivez (Devez-vous préciser que vous êtes confortablement réfugiée sur les toilettes pour pas réveiller les trois ronfleurs ?) va foncer comme une fusée, exploser le mur du motel, traverser L.A. en pulvérisant tout sur son passage.
Bref. Universal studio, c'est avoir une méga cuite en ne buvant que du coca. Ils sont forts, ces ricains.

Un regret cependant. Il ne vous reste plus qu’à faire une croix sur les joies de la vogue en automne, événement communal haut en couleurs, s’il en est. La chenille et la maison hantée n’auront plus le moindre intérêt à vos yeux. Vous allez vous croire en URSS. En 1964.
C’est le problème, quand on survit à l’enfer. Tout paraît fade, insipide, sans goût. Les vétérans du Vietnam, eux aussi, souffrent de troubles post-traumatiques.
Le retour à la maison va être compliqué.

Mais ceci est un autre chapitre.

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