2!! Les Poux 2!!! (partie1)

Vous les aviez oubliés. Les semaines, les mois, les rentrées scolaires avaient passé, et vous étiez sereine, voire insouciante. Inconsciente. Du danger. De la menace sordide qui planait, telle un pou de Damoclès suspendu au-dessus de la chevelure de vos chérubins. Votre bonheur ne tenait qu’à un cheveu.

Bien sûr, vous en entendiez encore parler : les maîtresses lançaient, de temps à autre, une alerte au pou. Mais ce n’était pas pour vous, non, pas de pou chez vous. Chez Julie oui, chez Clara n’en parlons pas, chez Marylou un truc de fou ! Mais chez vous…

Chez vous, mercredi, c’est pas raviolis, c’est shampooing.  Shampooing et baume ultra-méga-anti-nœuds, pour Choupinette : jamais vous ne l’auriez laissé admirer cette mijaurée de Raiponce si vous aviez su… Pour Choupinet, c’est shampooing au henné, pour illuminer sa chaude chevelure brune de reflets chatoyants : il est châtain. Mais vous n’osez briser cruellement cette illusion qu’il berce depuis six bonnes années d’être le sosie de Robert Downey.

Au temps du shampooing succède inévitablement le temps du sèche-cheveux. Une éternité pour Choupinette, merci Raiponce l’infâme. Un éclair, et froid, pour Choupinet : avisez-vous de souffler un brin d’air chaud sur ses boucles qui auraient pu être brunes et Robert se muera en Mugabe prêt à trancher vos mains qui offensent son chef.

La fin du supplice est proche. Sous peu vous pourrez mitonner un bon petit plat à vos anges qui le bouderont ostensiblement avec délice. Mais avant cela, une petite marque d’affection à votre pré-ado bougonnant : la préadolescence, un concept inventé pour excuser tous les mioches indigestes de la création.

Mais ? Qu’est-ce ? La berlue ? Une illusion d’optique ? C’est blanc, presque translucide, petit. Et c’est nombreux. Non... Non. Non ! Pas des poux… Pas des poux. Pas des poux ! Vite, sourde aux protestations de Choupinet, vous attrapez sa tête et la scrutez à la lumière d’une lampe que ne renierait pas un commissariat digne de ce nom. L’accusé marmonne et gesticule, mais rien ne saurait vous détourner de votre observation minutieuse.

Il y en a beaucoup, partout. Néanmoins vous doutez. Je doute donc je suis, c’est tout vous ! Choupinet s’est rincé les cheveux seul : le pré-adolescent a des velléités d’indépendance démesurées. Il a fait un usage trop parcimonieux du pommeau de douche : mettez ces choses blanches sur le compte de ses désirs incompréhensibles d’autonomie, ce ne peut être que cela. Vous passez outre les récriminations rageuses de votre faux-brun et lui administrez un rinçage à la mode Karcher. Essorage à 2 000 tours minute et retour à l’examen sous lampe d’interrogatoire : plus de poux. Ouf. Vous voyez bien, inutile de paniquer follement pour de banals restes de shampooing. Ouf.

Jeudi s’écoule comme un long jour tranquille. Vendredi, ce n’est toujours pas raviolis, mais devoirs express : Choupinet a une vie sociale débordante, il doit s’atteler à ses divisions avec ardeur pour mieux batifoler tout au long du weekend. Après la réglementaire pause goûter expédiée, vous ouvrez donc son agenda : le préadolescent n’est pas scolairement indépendant. Et vous découvrez un mot. Pas n’importe quel mot. Un mot de la maîtresse. Un mot qui annonce le retour du printemps. Et des poux ! Noooooooon !

Ils sont revenus. Ils sont là. Dans le village, l’école, votre maison. Sur la tête de Choupinet ?! Les divisions attendront : direction salle de bain. L’interrogatoire du suspect chevelu reprend : morbleu, il en est couvert. Ces immondices blanchâtres pullulent, ils se reproduisent plus vite que des lapins.

Nom d’un cloporte…