US L'arrivée (partie 2)
En tout
cas, cela ne servait à rien de se teindre les cheveux en orange en hommage à un
grand, très grand, président (on ne sait jamais : la CIA vous lit
peut-être…). On a certes pris vos empreintes, mais sans même une petite
torgnole pour nous faire avouer des crimes imaginaires... Pire… Pas de fouille
des bagages ! Un scandale ! Vous auriez pu ramener une valise bourrée
de saucissons sans être inquiétée, suffisait de ne pas cocher
"jambon" sur le petit papier de déclaration pour la douane...
Par contre,
le chauffeur de taxi était bien plus flippant que les forces de l'ordre…
Baraqué et muet, il a balancé vos valises dans son gigantesque coffre de sa
gigantesque voiture climatisée à -12° par 28° extérieur. La planète, on
l'emmerde. Certainement un proverbe de la jeune Amérique qui, comme tout bon
adolescent, croit qu’elle peut bâfrer, consommer, rouler, polluer en toute
impunité : quand on est jeune, la mort c’est toujours pour les autres. Le
touriste exténué aussi, on l’emmerde. Le chauffeur a démarré sans vous adresser
la parole. Votre penchant pour Esprits
criminels a soudain vacillé : le cryogénophile, ça passe sur petit
écran, c’est moins sympathique sur la route des vacances… Un tantinet
décontenancée par tant d’affabilité, vous ne saviez pas s'il fallait admirer le
paysage, ou ouvrir la fenêtre pour éviter l'hypothermie et en profiter pour
appeler au secours avant de finir dans une ruelle sombre aux façades ornées de
ces fameux escaliers... Ceux que les flics dévalent derrière les méchants qui
vont se faire arrêter ...
Ça ne vous a
pas empêché de tomber sous le charme en trente minutes de trajet ! Vous
avez envie de vous pincer ! C'est donc vrai ! New York ! Ce n’est
pas qu'un décor de film ! Vous en avez
pris plein les yeux alors que vous n’avez encore rien vu !
C’était
bien la peine de trembler et de renâcler pour s’enthousiasmer à peine arrivée…
Vous en
oubliez votre psychopathe de chauffeur qui vous jette avec enfants et bagage au
pied de l’hôtel. En face, une affiche de film se dessine, incroyable ! Pas
de quoi en faire un fromage… Ah, mais si ! Parce que, cette affiche, elle
n’est pas vulgairement déroulée sur un modeste immeuble. Non. Elle est peinte.
Oui, peinte ! Touche après touche. Sur un building d’une soixantaine
d’étages. Oui. Reste plus qu’à espérer que le film demeure à l’affiche plus de
deux semaines. Sans quoi, à peine achevée, il faudra la recouvrir…
Tout vous
ravit : les taxis, le policier au milieu du carrefour (il a dû sacrément
merder pour se retrouver affecté en plein milieu d’un carrefour à gesticuler et
siffler entre les milliers de voitures
qui se croisent…), les vendeurs de hot dog, le portier, la conciergerie de
l’hôtel, la chambre… Aussi petite et vieillotte qu’une chambre d’hôtel au cœur
de Paris : c’est rassurant.
Vous posez
les valises et trépignez d’impatience de découvrir la ville ! Trop tard…
Nounours ronfle déjà, Choupinet a sombré dans un sommeil qui frôle le coma,
Choupinette n’en est pas sortie…
Dépitée,
vous allumez la télévision : un excellent début pour appréhender une autre
culture… C’est parti pour America got a
talent… Une minute trente plus tard, première coupure pub. Vous en profitez
pour hurler « hamburger », histoire de faire revenir à eux vos
dormeurs, en vain…
Vous auriez
pourtant follement envie de vous attabler à votre premier diner.
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