Un chasseur chassant chasser (partie1)



 

 

Quitte à plomber l’ambiance, il vous faut rendre hommage aux Inconnus. Même s’ils n’ont pas besoin de vous : les chasseurs font ça très bien tout seuls. Guillaume Meurice pourrait en témoigner : rarement un sketch culte a été si peu caricatural.

 

Toutefois, on peut compatir au désarroi des chasseurs : toucher à la liberté et à l’apéro, c’est trop pour un français. Surtout quand il est armé. Et, comme en sus de son potentiel convivial, le petit blanc a l’avantage de délier les langues, la défense dudit français est édifiante. Bordeaux, Bourgogne, côte du Rhône, c’est tout un patrimoine qui s’insurge. La foire aux vins, et l’ouverture de la chasse, ont lieu en automne : hasard ? Vous ne croyez pas…

Et on comprend ce profond attachement aux traditions : le coup de rouge saucisson, c’est sacré. Autant que les engueulades à Noël, Mariah Carey en bande son hivernale de supermarché, le collier de nouilles de la fête des mères, les Lacs du Connemara en fin de soirée, quand on ne distingue plus un lapin d’un chevreuil…

Alors, bien sûr, rares sont les mères qui accueillent la récitation de Maman-printemps Winchester à la main… Elles sont plus cocktail, avec ou sans somnifères. Ou congélo. Tout aussi efficace et plus discret que la chevrotine.

 

Cela dit, une très grande majorité des mères supporte stoïquement de voir des années de patience et d’abnégation récompensées par un pot à crayons en rouleau de PQ, un cache-pot en pince à linges, un porte-bijoux en bâtonnets de glace, le tout admirablement peint, minutieusement collé… Avec tout le soin dont un môme de cinq ans est capable. Le dernier dimanche de mai est un vibrant hommage au bon goût, une ode à la dextérité. À moins que les enseignants emploient toute leur créativité à concocter un présent qui les vengera subtilement de devoir gérer ces petits mammifères, et les trop fréquentes récriminations de leurs créateurs…

La fête n’est pas totalement amère quand il suffit d’avaler des sablés parfumés à la morve mais en forme de cœur. Essayez d’encadrer une seule fois un atelier cuisine à l’école : plus jamais vous n’achèterez quoique ce soit que les mains d’un enfant, même le vôtre, aient touché, même si le projet à financer est une semaine de classe verte et donc de liberté parentale… Le cœur ne change rien à l’affaire, il n’évite pas l’intoxication… L’offrande d’un aspirateur, obligeamment orchestrée par le père, donne bien plus envie d’échanger le présent contre un fusil, assorti au porte-clefs en bouchon de Bordeaux de la petite dernière.

Imaginons que la tradition veuille que l’on remette leur présent aux mères après un petit café allongé à la gnôle, quelques tartines de pâté de sanglier pour accompagner deux, trois ballons de rouge… Si vous ajoutez au tableau, une carabine, du calibre 12, une veste de camouflage, peut-être que le temps des cadres photo recouverts de lentilles et autres légumineuses aura enfin du plomb dans l’aile...

 

Envisageons un instant que ce soit les chasseurs qui aient la solution. À tous les problèmes. Vivons à l’heure de l’apéro, armés, et voyons si le môme ne descend pas fissa quand vous l’appelez pour manger, si votre supermarché ose encore diffuser All I want for Christmas is you, si votre coiffeur traduit encore « rafraîchir » par « ratiboiser », si les chaussettes osent encore disparaître mystérieusement dans la machine, si… Un potentiel infini. Le hic ? Cette hypothèse ne fonctionne pleinement que si vous êtes seule munie de munitions liquides et solides. Sans cela… Anarchie ? Carnage ? Hum… ça risque de vite tourner à une grande partie de « qui a la plus grosse cartouche »…

Franchement, vous préférez que Choupinette n’ait que les yeux revolver quand vous lui demandez de ranger sa chambre, ou, pire, de s’habiller parce que quand même il est midi et que le poulet dominical sera bientôt cuit, ou, pire que pire, d’arrêter de regarder sa série et de descendre son portable pour se doucher… Il faut avouer que vous avez des exigences qui donneraient des pulsions assassines au plus doux des lapins (qui avait un fusil, vous suivez ?)…


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