Abracabaza (partie1)
École, influenceur. Un oxymore ?
Vous auriez tendance à répondre par l’affirmative.
Vous iriez même jusqu’à dire qu’influenceur est moins un métier qu’une blague.
De mauvais goût, voire de très mauvais goût. Les pets en bocaux en attestent. Quand
tu penses que quand t’aimes le cassoulet, t’es refait ! ça va changer la
vie des toulousains, avenir assuré…
Influenceur, c’est un oxymore à lui tout seul, pas
besoin d’aide. Une aberration. Un de ces signes que le monde court plus vite
que Mbappé à sa perte (cf « Le projet », ouais, vous vous
auto-référez, c’est bon pour votre égo et c’est moins grave que de vendre des
pets virtuels, oui, en NFT, qu’on arrête le progrès par pitié…), un signe que
le monde est malade.
Et l’étymologie est de votre côté. Influenceur
vient effectivement du latin médiéval influens, grippe, lui-même dérivé
du latin influere, s'insinuer, se répandre : de là à penser
qu’un influenceur est comme un putain de virus, une saleté juste bonne à être
éradiquée, il n’y a qu’un pas qu’il est vital de franchir. Le Covid n’est pas
le seul nuisible contre lequel il faut prendre des mesures salutaires.
Cependant, l’école pour les influenceurs ? Bien
sûr que les influenceurs doivent retourner à l’école ! Mais comme on ne
leur fera pas lire Au Bonheur des yachts ou étudier des NFT de racines
carrées, c’est pas gagné… Pourtant, tenter de combler quelques lacunes ne
serait pas du luxe. Un peu d’Histoire, quelques cours de français, et de
nombreuses heures de philo… L’éthique n’étant pas apparemment au cœur des
autodidactes du réseau.
Un sens du comique inné par contre. Mais plus ou
moins volontaire. Vous pourriez ainsi remercier Océane El Himer pour le bon
moment que vous avez passé en découvrant sa boulette. Publier une photo de la
première Dame pour rendre hommage à Élisabeth II, c’est fort. Et s’en excuser
en avouant avoir pompé un autre influenceur qui tentait le second degré,
chapeau bas. Une excuse digne d’un sixième à l’avenir sacrément
prometteur. God save the Web… Un niveau de culture tel que confondre la
défunte Reine et une épouse bien vivante ne pose aucun problème, ça ouvre des
perspectives… Il faut avouer qu’elles se ressemblent comme le chocolate
biscuit cake et un Saint-Honoré. Une bonne âme aurait pu secourir Océane
d’un indice : la Queen, c’était celle avec petit chapeau flashy
et des Corgis, l’autre, c’est celle en Vuitton et un petit Macron. Elle ne
devait pas être fortiche au jeu des sept erreurs, Océane… Elle a dû être toute
troublée par la une de The Cut où Meghan joue les sosies de sa défunte
belle-mère, quid de la princesse des Suits et de la princesse des
cœurs ? Pas évident… Mais pas méchant…
Contrairement à cette instragrammeuse canadienne
qui n’a rien trouvé de mieux que balancer une chaise du trentième étage sur une
autoroute de Toronto. Pour faire le buzz. L’objectif est clair. Le
moyen ? Original, certes. Mais un certain manque de maîtrise tout de même…
Faute de réflexion avant, après, elle s’est rendue au commissariat le plus
proche : en même temps, sa vidéo avait fait son œuvre, la police la
recherchait un peu… Sympa de leur avoir facilité le boulot.
Dans le genre charmant, nous avons également le Hot
water challenge… Un genre de cap ou pas cap édifiant. Qui consiste à se
renverser une casserole d’eau bouillante sur la tête. Les urgences
apprécieront. Vous avez pu ainsi halluciner devant la story de « Respect
my opinion », un choix de pseudonyme qui laisse songeur, filmé se
tordant de douleur après s’être auto-ébouillanté. Un con-parse l’arrose
immédiatement d’eau froide au tuyau d’arrosage. Une chance que n’a pas eue la
petite fille de huit ans qui a suivi ce challenge en buvant de l’eau bouillante
à la paille… Son système respiratoire n’a pas supporté. Au moins avait-elle
l’excuse de son jeune âge : à huit ans, malheureusement, on est
influençable… Une proie facile. Vous êtes, par ailleurs, prête à parier que la
fillette de onze ans à qui les con-pains ont fait subir ce challenge, pendant
son sommeil, oui, son sommeil…, n’a pas apprécié.
Au Moyen-Âge, il vous semble que
« challenge » se nommait alors « torture »… Les
faux-monnayeurs étaient ainsi régulièrement condamnés au
« bouillage ». Plus raffiné, le condamné pouvait être plongé dans une
marmite sous laquelle on allumait ensuite le feu : une version plus lente
mais non moins bruyante que celle de Johnny vraisemblablement. Nous sommes donc
passés, en six siècles, du châtiment exemplaire sur la place publique à une
souffrance atroce volontairement infligée, filmée et diffusée. Et, non, vous ne
parlez pas de Johnny. De Capeluche à Respect my opinion, le progrès
aurait perdu la boussole…
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