Vengeance # Au secours # Jesus power (partie2)

 

La vengeance « Scrabble » : Djayrick. Pas mal pour un mot compte triple. À moins que ce soit une partie de Boggle qui ait mal tourné : il ne suffit pas de secouer et d’associer des lettres dans le désordre le plus complet. Comme le petit d’homme a besoin de se raccrocher à du connu et de tyranniser autrui, c’est un coup à être rebaptisé Diarrhée dans les cours de récré.  Tes parents, tu auras envie de leur gerber dessus jusqu’à leur dernier souffle. Une consolation ? Se retrouver dans la classe de Gwendaulynne. Quitte à lui apprendre l’alphabet dès qu’elle devra écrire son prénom, pourquoi ne pas avoir glissé un h ou deux ? Gwenpdhautlynne, c’est sympa aussi. De quoi calmer la gamine bien vite. Tu n’as pas le luxe du caprice bruyant quand tu portes un tel fardeau.

La vengeance « bombe de clous enroulée dans du papier de soie » vous plaît bien également.  Keren Love Chantal. Tu sens bien que tes parents ne sont pas tout à fait des sadiques assoiffés de ton humiliation, ils t’aiment bien un peu. Même si tu vas déchirer leur périnée et leurs nuits, leur prendre la tête et les clefs de la bagnole sans prévenir. Il faut toutefois te rendre à l’évidence : Keren Love te promet un bel avenir dans des films que ton père ne préfèrera pas regarder. Et Chantal ? Pourquoi ? Pourquoi pas Léonie ou Adèle ? Le deuxième prénom, c’est pas fait pour les Dauphin.

La vengeance explicite a ses charmes. Mortel Léontine. Aucun espoir. Pas même celui de Léontine Mortel, qui peut laisser entrevoir l’impasse sur une appellation un peu longuette. Soit une euthanasie prénominale. Non, là, si tu raccourcis, il ne reste que… Mortel. Comment pourra-t-on te reprocher d’avoir envie de mourir ? Ou de tuer ? C’est quoi, ce prénom ? Un hommage à Mortelle Adèle ? Mais sans rime ni accord ? Juste pour que tu saches que si tu casses un peu trop les pieds tu vas te retrouver avec de la mort aux rats dans tes Chocapic ? Jamais tu ne demanderas en boucle « Dis maman, à quoi on jouuuue ? » : trop peur d’une partie de cache-cache dans le congélateur.

La vengeance mystique. Avec halo lumineux et potentiel de fou. La version fleurs et amphétamine. Jésus Power. Rien que ça. Pandémie et vagues de virus, ce serait pas ta faute ? Ou celle de ton père ? Tu fais quoi pour arranger le bordel ? Parce qu’un môme c’est : par le pouvoir de la couche immonde et de la bien coulante crotte de nez. Si t’arrives à apprendre tes tables de multiplication, ce sera un miracle. Tes parents t’ont crucifié sur l’autel de l’originalité et tu vas porter ta croix longtemps…

La vengeance phonétique. Endgel. Tu sauras jamais si tes parents avaient abusé de substances et se tapaient un trip à la Morrisson ou s’ils avaient mal digéré les notions de permafrost et de pergélisol : tu ne demanderas pas. Parce que peu importe, ce prénom, dans tous les cas, c’est le début de ta fin.

 

Si vous aviez su… Cela aurait tout de même été soulageant. Peu importe ce qu’auraient inventé Covid et Corona, leur état civil leur aurait déjà fait payer.

Vous êtes vraiment passée à côté d’un truc... Alors que vous serez tentée de vous cacher derrière le présentoir de bonbons en feignant de ne pas connaître la petite chose rugissante et trépignante qui hurle à faire se retourner un jury de the Voice, d’autres rétabliront le calme posément et en deux secondes. « Tu veux vraiment que je dise ton prénom ? En public? Sûr? » et le gosse de s’excuser platement et de promettre de ne jamais recommencer... Sans compter les rigolades à l’apéro avec les potes... « Vous connaissez pas la dernière de Mortel? Elle a étouffé le chaton des voisins! Si! Trop mimi! » Et les bulletins… «  Jésus Power peut mieux faire. Un miracle en sciences serait bienvenu. »