U.S. Monument Valley (3/3)
Enfin. Impressionnant. Vous y êtes. Et vous ne tenterez pas de décrire ce paysage. Pas assez d’adjectifs. Les deux mains. Les Trois sœurs. Inoubliable.
L’après-midi
touche à sa fin et vous vous lancez sur la piste qui permet de circuler entre
ces monuments sans avoir le sentiment d’avoir débarqué avec des hordes de
touristes pour faire des tonnes de photos imbéciles. Ces couleurs-là ne se
capturent pas.
Même
Choupinet et Choupinette daignent reconnaître qu’il y a caillou et Caillou
avant de rejoindre l’hôtel.
Les navajos
ont su préserver le site et leur respect pour cette terre incroyable force
l’admiration. Un seul hôtel, couleur terre, fait face aux monumentales mains de
roche. La sobriété de son architecture et son crépi teinte poussière rouge, la
même qui macule votre voiture, tendent à rendre le bâtiment le plus discret
possible.
Seule
erreur : quelques touristes méprisables qui jettent leurs canettes,
foulant aux pieds la nature et les principes navajos. Le contraste est
patent : d’un côté des gougnafiers tout justes bons à cracher sur l’ordre
et l’harmonie, de vils coyotes, et de l’autre un peuple qui lutte pour
préserver un équilibre. Concilier modernité et traditions, ça doit pas être à
la portée du premier shaman venu…
Le long de
la route qui mène à Monument Valley
vous avez ainsi admiré des panneaux solaires, la direction de l’hôtel vous
invite à ne pas exiger sottement un changement de toutes les serviettes tous
les jours et vous prévient que la pression de l’eau est volontairement réglée
pour économiser les ressources de la planète… Les navajos ont su résister aux
besoins de cette Amérique consumériste à tout crin. Là où les colonisateurs
auraient fait un golf (dans un désert, c’est plus fun), un parc d’attractions avec une forêt de brumisateurs pour
rafraîchir le touriste et une ribambelle d’hôtels, dans le plus profond respect
du dieu dollar, les navajos exploitent le potentiel touristique du site avec la
plus grande modération et une prudence vigilante. Grande sagesse.
Vous
découvrez même avec étonnement que le restaurant de l’hôtel ne profite pas de
son monopole pour assassiner le petit blanc ventripotent venu admirer les
lieux. Curieuse, vous commandez un Chardonnay sans alcool. Ce démon avec lequel
on a voulu, entre autres, les exterminer est interdit dorénavant en terre
navajo. Éradiquer un peuple par l’alcoolisme ou les dons de couverture
infestées de variole, quelle est la méthode la plus efficace…
Votre
Chardonnay sans alcool vous est inexorablement servi dans un verre à soda.
Tandis que Choupinet attaque une gigantesque tourte aux haricots rouge et au
poulet comme si son scalp en dépendait, vous trempez les lèvres dans votre
verre. En effet, nul besoin d’un ballon en cristal… OK, vous voulez bien
reconnaître toutes les exactions commises contre leur peuple, mais, quand même,
c’est un peu raide, comme vengeance…
Et s’il n’y
avait que les terres indiennes… Mais non. Fichu pays où déguster un petit blanc
bien frais en fin de journée garde un relent de prohibition. Heureusement
Nounours n’a rien perdu de sa passion pour les petits cubes de glace :
vous dégusterez sur la terrasse de votre chambre une Bud glacée au délicieux
parfum d’interdit.
Et pour
couronner cet instant : un orage incroyable qui n’en finit pas de zébrer
le ciel et d’illuminer les colosses de pierre. Avec un arc-en-ciel en prime.
Puis un deuxième.
Vous
n’auriez pas pu imaginer tel spectacle.
Même les
cailloux, même les orages, ici, ils sont trop. Plus. Toujours.
Vous allez
ramener un fucking complexe
d’infériorité comme souvenir…
Mais ceci est un autre chapitre.
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