U.S. le 1er jour (partie2)


Amusée, vous avez voulu prendre une photo de la salle de fouille des sacs, histoire d’immortaliser l’instant. Parce qu’il faut être américain au dernier degré pour confondre votre tendre Nounours avec un terroriste, ça ne lui arrivera pas tous les jours. En moins d'un quart de seconde, un autre agent vous intimait l'ordre de ne pas prendre de photo ! À ce rythme, vous allez progresser hyper quickly en anglais et donner des suées froides à votre ambassade.... Par contre, tous les portiques clignotaient rouge dans tous les sens au passage de la foule de touristes venus rendre hommage à la statue de la liberté. Mais bon. La logique américaine vous échappe… Que Nounours ne respecte pas scrupuleusement le labyrinthe de la file d’attente et, zou, un aller simple pour Guantánamo ! Que des milliers d’individus fassent biper comme des dingues les portiques de sécurité, où est le problème ? Du moment qu'on croit qu'aux US on ne plaisante pas avec la sécurité...
Et puis, à quoi bon s’inquiéter de l’affolement du portique : il y a des panneaux « interdit de » un peu partout. On ne court aucun risque. Interdit d’utiliser son portable. Interdit de fumer. Interdit de sortir un flingue. Vous l’aimez bien celui-là : le signe évident que l’Amérique va bien et que les lobbies des armes à feu se portent à merveille. Les plus de 13 000 meurtres par arme à feu et par an, soit une trentaine de morts par jour, ça intéresse qui ? En plus, un bon massacre, ça fait bosser les médias. Et ça change des tornades. Pourvu que notre manie d’imiter le cousin du nouveau monde s’arrête à Mac Do (vous notez d’ailleurs, dépitée, que ce n’est pas la plus reluisante des chaines de hamburgers qui a colonisé la planète : à New York on peut manger des hamburgers qui ne sont pas des crachats gluants lancés à la face de la restauration) et à l’obésité…
Vous alliez oublier le panneau « interdit de trimbaler des explosifs », que vous n’êtes pas sûre de saisir. Qu’on prévienne le quidam que le deuxième amendement s’arrête aux portes de la statue de la liberté, d’accord. Mais le zigoto qui aurait décidé de faire de sa rencontre avec la grande bringue couronnée un feu d’artifice mortel éclairant l’occident sur ses mœurs dépravées ? Va-t-il vraiment abandonner ses bombounettes bien gentiment parce qu’un panneau l’informe que, attention, monsieur le terroriste, on n’entre pas avec des explosifs ici… Non, non, non, ce n’est pas une bonne idée. Et là, magique, le terroriste réfléchit pour la première fois de sa sombre vie et se dit que oui, quand même, c’est pas bien, et, en plus de sa ceinture de TNT, il a aussi deux kalachnikovs dans son sac-à-dos, vraiment, il abuse, il va aller jeter tout ça à la poubelle. 
Vous ne savez que penser… L’Amérique croit-elle encore à la bonté de l’être humain ? Aux vertus de l’information et de la communication ? Espère-t-elle ? Encore et toujours ? Malgré les indiens massacrés, les dindes farcies annuellement et la couche d’ozone trouée façon gruyère ? Ou alors, plus vraisemblable, c’est juste une question de job.



Car, aux Etats Unis, on ne plaisante pas avec les jobs. Pas plus qu’avec le port d’armes ou la taille des pancakes. Et pour faire ce panneau « interdit de porter une bombe », il a fallu au moins cinq personnes : une pour le penser, une pour faire le panneau, une pour le peindre, une pour l’accrocher et une pour vérifier qu’il était bien accroché.
Vous ne plaisantez même pas. Pas étonnant qu'ils n’aient pas notre taux de chômage. Par contre, ils ont dû s'inspirer d'EDF ou de nos travaux publics : un agent qui observe le portique virer au rouge. Et quatre qui le regardent. Enfin non. Pas exactement. Un chargé d'observer qui veut braver l'interdit photographique. Un chargé d'observer Nounours et ses tendances terroristes. Un chargé de rappeler en boucle de faire attention à la marche. Si le touriste se casse la gueule, le touriste aura été prévenu, impossible de faire un procès... Plein de petits boulots. Hyper précis. Qui ne demandent pas beaucoup d'énergie, ni de compétences. Mais il faut en faire quatre en même temps pour vivre décemment. Au moins. Le rêve américain.


Trois boutiques de souvenirs, deux sodas et un hot dog plus tard, votre tribu a quitté le ferry émerveillée : inutile de jouer les blasés. New York et sa statue vous ont pris dans leur filet. Vous êtes sous le charme et arpentez ses rues pendant des heures. Même l’orage sur le pont de Brooklyn ne viendra pas à bout de votre frénésie touristique. En même temps… Au milieu d’un pont… Soudainement saucés avec une générosité typiquement américaine, que voulez-vous faire ? Continuez votre chemin, vous finirez bien par tomber sur un Starbucks où accompagner votre litre de café de donuts multicolores. De toute façon, New-York et la Bretagne, c'est quif-quif bourricot, la pluie, en Bretagne, elle mouille pas. À New-York, c'est pareil. Ou presque. Comme, après la tempête, on retrouve 35 ° et du vent, on sèche vite… Bien avant d’échouer, rincés pour de bon, dans votre petite chambre d’hôtel.
Pour achever votre bain culturel, vous allumez la télévision, sous les yeux ravis de Choupinet et Choupinette. Eux aussi, l’Amérique les gagne… Et quelle n’est pas votre surprise de trouver au programme un air de déjà-vu ! Les américains, c'est les rois de la redif'.Vous pensiez avoir battu un record avec les rediffusions annuelles de Rabbi Jacob ou de La grand vadrouille? Pfff.... Petits joueurs, ces frenchies !
America got a talent  rediffuse ses incroyables découvertes à 24 heures d'intervalle! Comme l'obèse qui fait du pole dance et la femme qui a fait de son pied gauche une marionnette ... Tout bonnement inoubliable. Malheureusement. Mais cela vous laisse la possibilité de vous endormir, digérant le 4e hot dog et le 3e hamburger de la journée pendant la 5ème coupure pub de l'émission... Tant qu'à couper celle-ci sans préavis toutes les 2 mn 30, pourquoi ne pas envisager la suppression des fioritures autour ? Quand l'émission devient l'alibi à la pub... Au pays de la consommation reine, pourquoi pas ?
De cette première journée, vous retenez que, talent ou pas, ce pays est réellement incroyable. Et vous avez encore beaucoup à apprendre…

Mais ceci est un autre chapitre.




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