L'essentiel clown # Meurice# soutien (partie1)
Vous avez hésité. À quoi bon dire votre… Comment l’appeler? Dégoût, écœurement. Colère. Un peu de… Zut. Ça vous échappe.
Vous vous êtes raisonnée. Vos états d’âme n’intéressent personne. Mais la polémique a duré, Gérard Larcher s’est posé en juge de la dignité et du respect. Pourquoi ? Au nom de quel diplôme ? Vous l’auriez plus vu décerner le prix de l’andouillette la plus savoureuse. Même avec des œillères, il est clair qu’il a une très bonne assiette, le Gégé. Mais bon, admettons que la médaille de l’ordre des vétérinaires suffise pour monter sur ses grands chevaux. Vous avez été étonnée tout de même, vous pensiez qu’il lui lâcherait la bride à l’humoriste. Fut un temps où les présidents, attention pas que du Sénat, de la République !, savaient dépasser leurs différents, petits et grands, pour manifester un soutien sans faille à la liberté d’expression. Tout de même.
Mais cela vous a moins écœurée que la réaction de Riss. Qui lui se pose en garant de la subtilité. Vous avez certainement mauvaise mémoire, mais il vous semble que la tragédie de Charlie Hebdo a largement rassemblé, dépassant sans état d’âme la question de la finesse et que, sans fouiller dans les poubelles, un immense élan a porté à soutenir. Vous croyez vous rappeler que, suite au choc causé par ce massacre, nombreux ont été les nouveaux abonnés. Il n’était pas question de trancher entre subtilité et cochonneries. Non. Parce qu’en France la liberté d’expression n’est pas un vain mot. Caricature et humour, ces deux mamelles de la démocratie, on les chérit, on les protège. Alors on s’est abonné, pour que le journal survive. Sans se demander si toutes les Une de Charlie Hebdo étaient de bon goût, ou du goût de chacun.
Était-il en pleine maîtrise subtile quand Riss a publié le 30 août 2017 le dessin de noyés dont seul le bras dépassait en un salut nazi ? Comme les drapeaux à demi engloutis sous l’eau à l’arrière-plan, titrant « Dieu existe ! Il a noyé tous les néonazis du Texas. » Subtile cette autre une de Riss le 30 mars 2016 qui, pour évoquer les attentats en Belgique, montre le chanteur Stromae entouré par des membres humains déchiquetés ? Sur fond de drapeau belge, l'artiste se demande « Papa où t'es? », tandis qu'un bras, une jambe et un œil lui répondent en chœur : « Ici », « Là », « Et là aussi. »
La liste des polémiques suscitées par Charlie Hebdo serait bien longue… Et alors ? Que pourrait-on leur reprocher ? De choquer ? De ne pas avoir de limites ? De tabou ? Mais… Ils sont là pour ça. C’est leur job. Déranger. Bousculer. Faire réfléchir. Nul besoin de l’assentiment de quiconque. Car personne n’est obligé de lire Charlie Hebdo.
Tout comme personne n’est obligé d’écouter Guillaume Meurice. Si vous êtes intolérant à l’humour, allergique à la liberté d’expression, pas de souci. Éteignez le poste.
Vous pouvez même confesser que vous ne l’avez pas comprise, cette polémique. C’est « nazi », le problème ? Alors, bon, il est clair que ça a été un putain de problème et qu’il est dingue que « plus jamais ça » ne soit trop souvent qu’une belle expression. Le « Nie wieder ist es jetzt » affiché sur la porte de Brandebourg a le mérite d’être porteur d’espoir, d’une jolie volonté d’arrêter enfin les conneries et d’apprendre des horreurs du passé, mais il n’empêche pas la recrudescence des actes antisémites. Alors, bon, à moins d’être dans 1984, dire « nazi » ne mérite peut-être pas une convocation au tribunal…
Cela aurait été moins choquant de comparer Nétanyahou à un fasciste sans prépuce ? Peut-être… Ne pas parler de prépuce ? Mais est-ce vraiment ce qui compte ? Même si vous comprenez que d’aucuns y soient attachés… Le plus important n’est-il pas de nous faire réfléchir à la politique d’un Premier ministre contesté par les israéliens eux-mêmes ? Et pourquoi ne pas ressentir dans la pique de Meurice un désir profond que l’Histoire ne bégaye pas ? Plus ?
Il n’est pas exclu que vous n’ayez rien pigé du tout, mais quand même, il vous semble que Nétanyahou n’est pas tout à fait considéré comme un gentil modéré pacifiste, une sorte de Bayrou de Nazareth… Vous avez cru saisir que l’ONU n’était pas toujours franchement super fan de la politique de Benjamin… Benjamin qui ne se confond pas avec le peuple juif, il ne serait pas d’accord. Par exemple, si on dit que Néthanayou a mauvaise haleine, on ne dit pas que les juifs ont mauvaise haleine. Cela semble évident, non ?
Vous ne comprenez donc toujours pas la polémique. Ou on a entendu dans la blague de Guillaume Meurice un parti pris pour les palestiniens ? Dans ce cas, il faudrait consulter… Un ORL, un psy… Parce que mettre en cause les décisions de Nétanyhou, ce n’est pas cautionner le massacre commis par les terroristes du Hamas, à ne pas confondre avec les palestiniens. Bref, la polémique est nulle, sans objet. Heureusement ! Il y a suffisamment de polémos dans l’air.
Alors vous ne comprenez pas que le soutien au chroniqueur ne soit pas total, largement partagé et proclamé, pas du bout des lèvres, pas en demi-teinte, mais haut et fort. Vous ne comprenez pas qu’on ne s’alarme pas des menaces de mort qu’il reçoit. Qu’on ne s’insurge pas. Qu’on ne s’inquiète pas de vivre dans une société où des humoristes sont obligés de réaliser leur émission en huis clos. Que la si fine et subtile Charline, menacée elle aussi, soit poussée à se mettre en arrêt. On devrait tous être à l’arrêt. Terrifiés par l’évolution de ce monde.
C’est ça, le sentiment qui vous manquait : la peur. Et la tristesse.
Un peu de joie pour alléger le cocktail ?
Heureusement, on peut compter sur l’ami Jojo, le gai-luron du Sénat, le Lagaffe du palais du Luxembourg. Et sur son avocat.
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