Le correspondant (partie 3) # verduras #esperanto

 


Choupinet, fort de sa peine, tente de négocier une partie de jeux vidéo exceptionnelle. Comme de Franco vous n’avez que l’œil noir, vous vous laissez fléchir. Et le regrettez bien vite. La répression et la torture ont des vertus que vous oubliez trop souvent… Votre salon résonne de propos déroutants, savants mélanges qui effraieraient Timms, Pirls et Pisa. Mais, n’en déplaise à ces enquêteurs angoissants, il semblerait que « what’s the fuck ! Tu m’as matar ! » soit un propos parfaitement intelligible…

D’explosion de creeper en noyade d’enderman, il est l’heure de l’échange culinaire. Vous refusez  catégoriquement d’enchaîner tartiflette et fondue et, puisque vous avez pour consigne de donner une image brillante de la France macronienne, ce sera barbecue. Et ratatouille.

Une ratatouille. Vous ne saviez pas que cette audace aurait un tel effet… François se met à pousser des cris d’orfraie tout bonnement effrayants : « Verduras ! Verduras ! Socorro !! » Si l’apprentissage, ô combien regretté et d’ailleurs profondément et complètement oublié, de la langue de Goethe en vos années collège pourrait vous laisser un doute quant au propos, le ton est éloquent : vous avez commis un acte terrible, proposer des légumes à cette andouille de François… Nounours, qui a eu le bon goût (Nounours est indéniablement un homme de goût) de choisir l’apprentissage de l’idiome hispanique vient à votre secours : « ¡No es grave! Tomates, calabacines y pimientos : deliciosos… » Soit l’accent de Nounours laisse à désirer, soit François est insensible à tout argument : il est proche de l’évanouissement ou du meurtre… Vous saisiriez bien l’occasion pour appeler la professeure es Picasso et cie, malheureusement Choupinet vient à bout de la crise francesque avec un saladier de chips, grassement et internationalement appréciées. Flûte…

Votre tourment journalier touche à sa fin. Vous envoyez tous ceux qui n’ont pas le droit de vote en mission douche-dents-dodo, les trois D qui sauvent la soirée des parents. François fait couler un bain digne de recevoir Maria de Montserrat Viviana Concepción Caballé i Folch. Si. Comment le savez-vous ? Parce que l’adolescence n’a pas de frontière. Le lavabo est constellé de dentifrice, qui a également été propulsé en un essai que l’Instituto Nacional de Técnica Aeroespacial ne renierait pas sur le miroir et au-delà. La baignoire n’est pas rincée. Puisqu’elle n’est pas vidée. La salle de bain ressemble à Guernica. Une serviette gît ici. Une autre là. Un slip par ici. Une chaussette par là. Et vous découvrez qu’il y a pire que nettoyer derrière votre progéniture. Nettoyer derrière un inconnu qui semble malheureusement suffisamment bien accueilli pour se sentir chez lui, et que vous ne pouvez détromper. Puisque vous ne parlez pas sa langue.

Et comme Choupinet ne la parle que peu, vous échappez à l’inévitable charivari que suscite inévitablement toute présence d’un matelas pneumatique dans sa chambre. Pas de bavardages, pas de fous-rires, pas de menaces parentales, pas de « chut, chuuut, chuuutttt ! » fermement hurlés. Le silence règne, et vous savourez de ce roi le pouvoir absolument apaisant.


 

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