La conduite accompagnée (4/5)
Un jour. Deux jours. Trois.
Quatre.
Monique. Enfin. Le pire, c’est que
vous êtes contente de l’entendre. Tout l’intérêt de se faire désirer… Vous ne
l’enguirlandez même pas : si elle était dans la pièce, vous seriez à un
masque de lui rouler une galoche. Heureusement on est encore sous pandémie.
Miracle. Dans sa grande bonté,
Monique la divine octroie trois heures de conduite à Choupinet. Trois ! Et
la semaine prochaine ? Monique vous rappellera : fixer longtemps à
l’avance, ce n’est pas trop sa tasse de thé, à Monique, elle préfère la
souplesse. Ouais… La liberté. Le vent dans les cheveux, capote ouverte,
direction où bon lui semble. Vous voyez très bien. Bordel et foutage de gueule, oui.
Dimanche soir arrive, doux et
lumineux comme seuls les dimanches soir savent l’être, et pas de nouvelles de
Monique.
Faisant fi de votre respect du
repos dominical… Jour sacré malgré l’argument commercial, l’argument… Bah, en fait, non, y en a pas
d’autre, c’est juste du consumérisme débridé, de l’exploitation décomplexée de
clampin. Cet argument vous a toujours semblé un peu léger. Vous doutez
lourdement que l’actionnaire de Leroy Merlin trime tout le saint dimanche. Les
Mulliez vous les voyez plutôt en bamboche dominicale, avec petits fours, chasse
à courre, petit tour en yacht ou F1. Et pas que le dimanche. Au pire ils
peaufinent l’arbre généalogique, et là, certes, y a du taf, torturent le
nouveau candidat au conseil de gérance de l’AFM ou quand ta famille est si
blindée qu’elle a mieux qu’un blason : un empire et un acronyme pour pas
trop s’afficher… Association Familiale Mulliez : les fleurs de lys sont
bel et bien fanées…
Étouffant donc vos principes dans
la lourdeur brumeuse du déjeuner dominical,
vous envoyez un message à Monique… Qui vous répond à vingt-deux heures.
Choupinet a cours demain à neuf heures.
Sympa. Merci de prévenir. Pour ceux qui ne verraient pas où se situe la couille
dans le potage, résolvez donc le problème suivant : été + adolescent+
potes+ grasse matinée – rendez-vous prévu dans un délai inférieur à soixante-douze
heures = …
Vous l’avez ?
Choupinet est aussi heureux qu’un
quadra à la perspective d’un rencard chez le proctologue, un quinqua en vue de
son bilan ophtalmo. Si. C’est comparable. Tout aussi gênant et humiliant. Si. À
moins d’être Johnny Depp, Jennifer Aniston ou Robert Downey Jr.
Choupinet râle donc. En se
couchant. En se levant. Pendant le trajet, avec ses écouteurs dans les
oreilles. Peut-être qu’il a dormi en râlant ou rêvé qu’il râlait. Vous lui
souhaitez bon courage, à Monique… Un dernier coup d’œil dans le rétro, et, que
voyez-vous ? Votre Choupinet, tout sourire, aussi craquant que lorsque
l’entrée en maternelle ne l’avait encore souillé d’aucun gros mot, un amour de
Choupinet ! L’animal.
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