Vœu pieux






 

Vous n’avez pas envie. Pas cette fois. Désolée. Ni à tatie, ni à vos amis, encore moins au voisin incapable d’éduquer son chien poseur de crottes.

La dernière fois n’a pas été un succès. Les précédentes n’étaient pas terribles non plus. Visiblement la formule est vide de sens, à la limite du porte-poisse. Alors non. Vous vous y refusez. Pas de vœux, pas de « bonne année ». À la limite « bon courage », « bon vent », voire « bonne chance », c’est tout.

Le seul avantage de 2021, c’est que, cette fois, l’année n’avance pas masquée. Pas besoin : on est équipé. Ahah (rire amer, petit goût spécial 2020) On est toujours en pandémie, on est toujours privé de l’essentiel, on est toujours en télétravail.

 Le télétravail. Parlons-en. L’incroyable potentiel de la visioconférence ! Pour les gros branleurs. Nounours a tout de même des collègues qui sont dans un tunnel sans caméra ni micro depuis mars 2020. Mais, attention, ils sont toujours connectés, même le dimanche à l’heure où blanchit la campagne. Peut-être qu’ils ne réapparaîtront jamais, aspirés dans un vortex numérique. Pourquoi le feraient-ils ? Puisqu’au fil des semaines, on s’est habitué à leur absence. Finalement, le télétravail, ça rend le parasite plus supportable. Proposez donc à Croquette de mettre les puces qui passent leur temps en pause-café sur son dos en distanciel : le choix sera vite fait.

À l’inverse, Nounours n’a ni pause ni limite : et re-voilà le jour blanc. Plus de frontière entre maison et travail, vie privée et vie professionnelle, il se perd dans les méandres de ses dossiers danaïdiens.

Et ça vous rend folle. Vous vous demandez parfois si on notera une augmentation conséquente des crimes, internements, dépressions et autres extrémités engendrées par le Covid. Certainement.

Vous feriez d’ailleurs une bonne candidate. Car le télétravail de Nounours est une chose, certes effroyable, le cas de Choupinet en est une autre. Horripilante. Il ne quitte plus VOTRE ordi pour SES cours. Vous avez clairement un problème de territoire. Si vous en croyez Croquette, la solution serait d’uriner sur le clavier. En même temps, à en croire Croquette, malaxer un plaid en bavant dessus, c’est le paradis absolu.

 Quand vous arrivez à appâter Choupinet loin du bureau, généralement en agitant un paquet de chips et une partie de Rocket league, aux grands maux…, vous n’avez pas cinq minutes avant que le téléphone sonne.

« BonjourmadamecestlecabinetSoleilDemainpouruneconsultationgratuitevraimentsansengagegementdevoyance. » À la première pause pour reprendre un souffle fétide, vous raccrochez. Elle ne l’a pas vu venir. Ahah (petit rire aigre, à la mode 2020) Dommage. Parce que, au fond, vous ne seriez pas contre quelques éclaircissements sur l’année à venir. Une vue d’ensemble avec quelques petits zooms sur votre vie perso…

Il est clair que la voyante peut surfer allègrement sur les vagues du Covid. Pas un individu qui ne veuille savoir quand on sortira du tunnel de la pandémie pour surfer à bien plus de quatre-vingt kilomètres heure sur la nationale de la bamboche. Sans compter tous les non –essentiels qui ne seraient pas contre une certaine visibilité sur les futures annulations, fermetures, faillites… Ils prendront leur marc de café avec un supplément « reconversion ».

Vous étiez intermittent du spectacle ? Super. Et clown en milieu hospitalier ? C’est un secteur porteur…

Restaurateur ? Génial. Le rayon fromage du supermarché, ça vous tente ? Ou vous êtes plutôt poisson ?

Tatoueur ? Top ! On manque d’infirmier pour vacciner.

Président des Etats Unis ? Formidable. On a une place qui vient de se libérer en cellule capitonnée, option camisole.

 

Sacré Donald. Peu importe l’année, son potentiel tragi-comique est intact. Les prédictions, il les noie dans le gel hydroalcoolique, comme les résultats d’élection. Ce doit être un grand fan du Parrain :  faire pression sur le responsable des élections géorgiennes , même pas peur. Et comme la honte mondiale de voir son appel diffusé ne le tue pas, continuant sur sa lancée en orbite, Donald pourrait bien faire un nouveau tour et décréter un état de guerre pour annuler sa défaite. Pourquoi pas ? Yes, he can ! Entre deux coups de fil, il encouragerait volontiers des manifestations violentes à sa gloire, tout en accélérant la construction de son mexi-mur et en nommant tout un tas de fucking assholes indéboulonnables à des postes stratégiques, au cas où la réalité refuserait de se plier à sa volonté.

Il est au-delà du réel et de la voyance : prédire son élection ? Vous n’en rêviez certainement pas. Sa réélection ? Vous en aviez bien peur, surtout en 2020, année de tous les possibles. Supposer qu’il contesterait les résultats d’une élection ? Non, quand même, ce n’est pas républicain…. Imaginer qu’il soufflerait le vent de l’insurrection dès janvier ? Non… Quand même… On ne commencerait pas l’an 1 post Covid avec de pauvres hères galvanisés par un fou saccageant le Capitole. Les américains ont le vote déroutant, mais tout de même, c’est une démocratie, une great ? Non ? Sinon, la fin du monde ? La guerre civile généralisée ? Un pari sur l’année ? Parce qu’on est sur une belle lancée…

Sacré Donald. La seule chose qui étonne, c’est qu’il ne soit pas fatigué. Ne serait-ce qu’imaginer vivre quelques instants dans sa peau au chef orangé vous donne des envies frénétiques d’investir dans le bâtiment. Pour avoir cordes, ciment, pelles et tutti quanti en suffisance. Pas pour édifier un mur, non : pour mettre fin à votre sinistre existence, ce serait votre seul projet. Comme la vie est mal faite, vous n’êtes pas à sa place.

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Jamais déçue (partie 1)#Santos americandream

Jamais décue (partie 2) #Javier# libertarien#ausecours

L'essentiel clown #Guerriau#extraecsta