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Affichage des articles du avril, 2019

La voile (partie 2)

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Enfin vient le jour de lever les voiles, cap sur l’école. Saint Mamert, Pancrace et Servais, fidèles à leur réputation, font tomber des trombes d’eau. Tout sourire, vous approchez du portail avec la sérénité d’un pape qui a justement béatifié. Vous pouvez le remballer, votre sourire béat. Direction la mare aux canards. N’eût été votre profond respect du corps professoral, vous vous seriez volontiers mutinée. La maîtresse tient bon la barre : si, à midi, la classe a les pieds gelés le nez qui coule et quarante de fièvre, promis, et vous savez dorénavant à quoi vous en tenir quant aux promesses de la maîtresse, on rentre au port colorier des optimistes tout l’après-midi. Optimiste. Franchement. La langue française a de ces farces… Dépitée, vous franchissez le mille qui vous sépare du couloir de l’école du pas lourd du scaphandrier dépressif. Pas besoin d’être enthousiaste. Les trente moussaillons qui vont se faire tremper jusqu’aux os sont suffisamment excités pour pallier vos ...

La voile (partie 1)

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Bizarre. Saugrenue. Ce sont ces adjectifs, avec une pointe de « n’importe quoi », qui vous sont venus à l’esprit pour qualifier l’idée de la maîtresse : un stage de voile. Bah ? Pourquoi ? C’est sympa, la voile. Plus sympa que coller des coquillages sur une boîte pour la fête des mères. Plus sympa que disséquer des sardines. Plus sympa que calculer le pourcentage de bretons allergiques aux crustacés. Certes. Mais sur un lac de onze hectares, douze en étant optimiste, paradis des grenouilles, des truites et de la vase… Avec moins de vagues qu’en ferait le plus extraordinaire des ricochets et, dans un fol espoir, un vent force zéro. Impossible d’espérer mieux d’une grosse mare. Non. Franchement… Si elle veut noyer les éléments les plus turbulents, y a mieux comme projet pédagogique. Imperméable à vos sarcasmes nauséabonds, elle sait depuis longtemps ne retenir que le faible pourcentage qui l’intéresse dans le flot d’inepties dont vous l’inonder, Chou...

Le ski (partie 3)

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Vont-ils seulement revenir de leur expédition ? Un brouillard à couper à la machette est tombé, un Poucet ne verrait pas un caillou au bout de son bâton. Vous auriez dû leur conseiller de semer des bouts de leur équipement pour retrouver leur chemin. Ils ont assez de couches sur eux pour cela... Le doux fluo des combis doit toutefois aider à ne pas semer un môme… Mais le harnachement n’aide pas, avec casque et masque, une ourse ne reconnaîtrait pas ses petits… Et vous préféreriez récupérer vos Gagarine. Vous les traumatisez tendrement depuis trop d’années pour ne pas ciller à l’idée d’un échange. Traumatisés certes, mais ce sont les vôtres.   Un traumatisme n’en vaut pas un autre.   Les Turpin et les Stannard n’auraient certainement pas volontiers troqué leurs petites têtes blondes contre d’autres. On s’attache, malgré tout, avec le temps. « La porte ! » Songeuse, vous commandez un chocolat liégeois. Une dose de chantilly vous aidera à combat...

Bric à vrac: la natation

Reprendre le boulot après les vacances, c’est comme entrer dans une eau bien froide. Faut serrer les dents. Et la sensation que vos organes internes se rétractent en un élan pour mieux vous quitter, puisque vous insistez pour les conduire là où ils ne veulent pas être, passe au bout de quelques minutes… Ligne de nage, bureau : même combat. Il y a toujours des crawlers demeurés qui polluent la ligne réservée à la modeste mais efficace brasse : coordonner respiration, tête, bras, jambes, c’est une équation dans laquelle vous êtes clairement et définitivement l’inconnue. Vous voilà condamnée à subir ces infâmes qui vous doublent sans cesse, vous donnent subrepticement de grands coups des battoirs qui leur servent de mains, vous projettent cruellement des gerbes d’eau dans vos petits yeux rougis. Et l’envie seule de parvenir à noyer discrètement Bonnet rose, l’appliquée, la rapide, la perfide impitoyable, vous retient de quitter piteusement le bassin. Pour nager, dans l’eau ...