2!! Les Poux 2!!! (fin...on l'espère...)
Nom
d’un cloporte… Forte de votre longue, trop longue à votre goût, expérience,
vous vous précipitez dans le cuisine : non point pour vous consolez à
grand renfort de chocolat bien noir, quoique vous pourriez en avoir besoin,
mais pour vous munir d’armes fatales. Le vinaigre blanc. L’huile d’olive. Le
rouleau de film transparent. Vous êtes devenue folle ? Chamboulée par la
récidive de l’invasion pouesque ? Que nenni.
Retour
précipité dans la salle de bain. Sourde aux protestations de Choupinet vous lui
faites un shampooing au vinaigre blanc qui aurait, si vous en croyez ses cris
perçants, le léger inconvénient de brûler ses yeux pers : vous attendez
ses trente ans pour réduire à néant un énième rêve et lui annoncer qu’ils sont
plus vraisemblablement noisette ; il a trop souffert en apprenant la
supercherie de la petite souris. Donc Choupinet hurle. Vous continuez à
l’asperger de vinaigre, indifférente au tapage et aux heures de psychanalyse
que vos traitements lui vaudront. Vous ne pensez qu’à une chose, et, vous devez
le reconnaître, il est bien souvent au-dessus de vos forces de penser à plus
d’une chose dans le tourbillon quotidien de la gestion optimale du foyer :
meurs, meurs, meurs le Pou. Crève, par le pouvoir de la recette
ancestrale !
Dans
votre furie meurtrière, un instant d’hésitation : combien de temps
allez-vous laisser votre Choupinet vinaigrer ? Des minutes ? Des
heures ? La nuit ? Cette option vous tente, toute prometteuse qu’elle
est en moisson de poux morts. Néanmoins vous craignez un tantinet que le
vinaigre n’ait point la courtoisie de n’attaquer que les poux et que le cuir
chevelu de votre presque brun vous en tienne rigueur. Il est vrai que vous
venez de déverser plus de vinaigre sur sa chevelure que vous n’en utilisez pour
exterminer le calcaire de dix éviers… Il serait regrettable que vous retrouviez
à l’heure où blanchit la campagne un Choupinet cloqué et brûlé au 7e
degré… Quel dilemme… Exterminer l’engeance pouesque et passer votre samedi aux
urgences, votre dimanche en taule pour maltraitance ? Épargner le crâne de
Choupinet malencontreusement recouvert d’une fragile couche de peau et autoriser
le Pou à la récidive ? Ah… Nom d’un cafard, dix minutes se sont
subrepticement écoulées… Il vous faut trancher ! Les urgences pullulent de
microbes, la taule regorge de puces : passez à la phase olive.
Aveugle
et muet, résigné, Choupinet ne bronche pas : vous huilez
consciencieusement et re-huilez généreusement sa tignasse que vous enrubannez
magistralement. En un élan solidaire et préventif, vous faites subir le même
traitement à Choupinette avant d’entamer la mission lessive… Et là, vous
trouvez deux minutes égarées pour songer… Pourquoi était-il absolument
nécessaire de venir à bout des leçons et exercices indispensables au
développement harmonieux de la cervelle de Choupinet ce vendredi ?
Pourquoi déjà ? Ah oui, il est invité chez son meilleur ami Léo samedi
après-midi et il dort chez son meilleur ami Sacha dans la foulée. Ça y est… Ça
vous revient… Léo, c’est ce joli petit vrai brun à fossettes. Et Sacha, Sacha,
c’est cet adorable blondinet aux bouclettes incroyables. Et oui… Leur maman
aiment-elles la vinaigrette ? Fans de la boule à zéro peut-être ?
Nom
d’un petit scarabée, vous ne pouvez pas… Non, vous ne pouvez pas contribuer à
l’expansionnisme pouesque. La solution est simple comme deux coups de fil. Le
problème relève du dommage collatéral d’ampleur : Choupinet est huileux et
désespéré face à tant d’injustice. Il vous maudit sur plusieurs générations,
indifférent à son manque de logique et court s’enfermer dans son antre
interdite aux monstres parentaux. Vous comptiez vous reposer ce week-end ?
Oubliez. Vous allez passer des moments délicieusement électriques en famille.
Votre
samedi est sombre. Très sombre. Choupinet se moque comme d’une guigne d’avoir
épargné Léo, ses frères, son chien et son canapé. Il se voyait déjà, votre
Choupinet, sauter sur les lits en une partie de polochons endiablée. Vous
voyiez bien, vous, les poux projetés à tout va, un par ici et un par là. Mais
Choupinet s’en fout. Il vous ignore, tête haute, cheveu gras fleurant bon le
midi et exempt de tout résidu blanchâtre. Là où vous constatez une victoire
éclatante, il perçoit une injustice criante. Là où vous vous félicitez de votre
efficacité fulgurante, il s’insurge de votre tyrannie inconsidérée.
Vingt-quatre
heures de silence dédaigneux et offusqué plus tard, vous placez incidemment la
toison de votre Choupinet sous un éclairage propice… Inconcevable… Le Pou vous
nargue, il se moque de vos traitements comme de son premier tif : le chef
de Choupinet fourmille à nouveau de ces petits immondices translucides… Si on
ne peut plus compter sur les grands-mères ! Vous êtes prête à vous tourner
vers la chimie et l’industrie pharmaceutique, mais le calendrier joue contre
vous : retors, le Pou a réitéré son entreprise de colonisation un
dimanche, pas de repos pour cette sangsue perverse…
Que
faire ? Raser ? Ça ne va pas être aisé. Choupinet se tient à bonne
distance, suspicieux et prudent, vous jetant des regards assassins :
retour du Pou ou non, il n’est pas disposé visiblement à vous accorder son
pardon. Vous avez anéanti sa vie sociale et il ne vous laissera pas l’oublier.
Et pour l’instant, vous ne vous en préoccupez pas. Mais… Les amis… C’est ça,
vous avez une amie coiffeuse ! Le Pou, elle doit maîtriser, elle a dû en
voir et en shampooiner du Pou !
En
un saut de puce, vous voilà à sa porte, traînant votre furibard Choupinet.
Votre coiffeuse, compatissante, examine le problème de près : elle tapote
le scalp incriminé, passe courageusement un peigne sur l’accusé, regarde à la
loupe, scrute. Et rend sa sentence.
C’est
blanchâtre, voire translucide, de taille variable, c’est nombreux. Certes. Mais
ça tombe… Et d’un revers de main expert, elle frictionne la tête de Choupinet.
Des pellicules.
Vous
expédiez à votre amie sidérée un vif coup de pied dans le tibia.
Chuttttt ! Vous lui faites de grands gestes : non… ce sont des poux,
des poux expédiés ad patres !
C’est pour cette raison qu’ils saupoudrent à présent le pull de
Choupinet ! Devant le regard interloqué et suspicieux de votre amie, vous
insistez : formidable, des dépouilles de poux ! Vous avez fait du
beau boulot ! Vous êtes vraiment passée pro en Pou ! Bravo à
vous !
Choupinet
relève la tête, interloqué par votre soudaine euphorie. Vous le rassérénez d’un
sourire qu’il ne juge pas coupable. Ouf !! S’il réalise que son shampooing
ce soir sera tout bonnement antipelliculaire, votre avenir de mère est cuit. Il
n’est déjà pas brillant après la séquestration de ce samedi… Mentir, tricher,
c’est votre seule option. Être mère, n’est-ce pas faire ce qu’on interdit avec
virulence à ses enfants ? Dur dur d’être un anti-modèle…
Mais
ceci est un autre chapitre.
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