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Affichage des articles du février, 2020

Internet (2/3)

Vous pouvez éventuellement passer une journée sans croquer dans une tablette de chocolat bien noir, si on vous le demande avec beaucoup, beaucoup d’insistance. Pour une question de vie ou de mort, par exemple. Mais une journée sans consulter votre site météo préféré ? Impossible… Se priver de la joie de discussions incroyables sur cette pluie automnale ? Impossible. Cliquer, c’est savoureux. Infiniment plus que de regarder par la fenêtre. Peu importe si Choupinette est en jupette et sandalettes par un humide 18° : le site indiquait un grand soleil et des températures exceptionnelles pour la saison. Et ce n’est qu’un bien maigre aperçu des multiples raisons qui vous lient inextricablement à votre écran, à vos écrans. Ah, le plaisir de consulter vos mails toutes les deux minutes… Au cas où on chercherait à vous contacter pour un sujet de la plus haute importance… Des soldes. Une copine qui veut votre recette de la courgettiflette. Votre ex-beauf qui tient à vous agonir ...

Internet (1/3)

En sixième, vous avez eu l’appendicite. Tout commença par une chandelle. Certes le sport ne vous a jamais aimée ; la roue était, est et sera définitivement un exercice obscur, une torture qui aurait pu réduire à néant le précepte selon lequel le ridicule ne vous tue pas. Lucide, vous saviez parfaitement que votre version de la roue avait tout du saut de crapaud neurasthénique. Mais jusque-là vous maîtrisiez avec soulagement et fierté la bête chandelle. Jusque-là. Ne parvenir que péniblement à hausser vos jambes à moins de trente centimètres du sol aurait dû vous alerter… Avec votre sens de l’à-propos habituel, on était en pleine période de gastro. Le rapport ?, me direz-vous. Le ventre. Les deux font mal au ventre : l’appendicite et la gastro. Le médecin a donc attendu une dizaine d’heures avant de daigner palper vos douloureux organes. Vexé du peu d’intérêt qu’on lui accordait, votre appendice s’était infecté en une joyeuse péritonite qui vous valut un long rétabli...

Le mercredi (3/3)

Cours de danse. Vous êtes à l’heure. À l’heure de Bucarest moins quarante minutes. Fort heureusement la prof est aussi calée sur Bucarest. Bénie soit-elle. Vous courez récupérer Choupinet. Aucune mare de sang dans le gymnase, pas l’ombre d’un borgne, pas même une petite épaule transpercée : vos prières ont été entendues. Vous pouvez sereinement passer par la pharmacie. Punaise… Le 5 e âge vous poursuit. À croire qu’ils viennent par bus entiers et que vous fréquentez des lieux hautement touristiques. « Alors, sur votre droite, vous pouvez observer un magnifique rayon tout en paracétamol et aspirines : tout le nécessaire pour que la grippe ne vous terrasse pas avant deux ans. Sur votre gauche, admirez ce large éventail de crèmes de jour miraculeuses pour vous rire de vos rides. » De l’arnica. Tout bête. Vous n’avez besoin que de deux tubes. Un par enfant. Vous ne pouvez risquer la pénurie : ils choisiraient immanquablement cette opportunité pour lancer leur t...